Pour une cinquième fois en 9 ans, Rouyn-Noranda sera « performance » entre le 24 septembre et le 2 octobre prochain. Pour cette occasion, l’Écart… lieu d’art actuel accueillera la Biennale d’art performatif.
Afin de répondre aux besoins de certains artistes de la région, et du même coup de participer à la vague de l’art performatif, un collectif d’artistes de la région créait en 2002 la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda. « Il n’y a pas vraiment de scène pour les artistes qui veulent faire de la performance en région, explique Sylvie Crépeault, adjointe à la coordination artistique à L’Écart. C’est la Biennale qui est la place de l’art performatif ! »
Malgré la création de cet événement, l’art performatif reste méconnu et souvent incompris du grand public, même s’il n’est pourtant pas né de la dernière pluie. « Les historiens de l’art le décrivent comme l’une des plus anciennes formes d’art de l’humanité », mentionne Mme Crépeault. Cette forme d’expression multidisciplinaire se résume à la présence d’un corps, du temps et de l’espace dans une performance créatrice. S’éloignant du théâtre par sa forme incertaine, l’art performatif est l’art du risque, de l’improvisation réfléchie et parfois même de l’interaction puisque certains artistes mettent le public à contribution.
Une programmation relevée
C’est plus de 30 artistes du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, du Mexique et de la Chine qui tenteront de charmer, distraire et déstabiliser les amateurs du genre. Parmi eux, le collectif montréalais Women With Kitchen Appliances viendra présenter sa vision féministe des femmes dans les cuisines du nouveau millénaire. Armées de leurs perruques, costumes, décors et accessoires de cuisine, elles offriront un projet sonore à mi-chemin entre la musique et le bruit. Membre du jury de sélection, Sylvie Crépeault décrit leur performance comme étant « une cacophonie qui s’apparente à la musique, mais qui n’est pas nécessairement musicale; c’est une recette, une installation et un concert ». Sur place, il y aura aussi Dominique Pétrin (aussi au FME au début de septembre et tout le mois en exposition à l’Écart), qui fait fureur en ce moment à Montréal avec ses performances chorégraphiques à la noirceur où seules chandelles, black lights et sérigraphies aux couleurs fluorescentes illuminent la place. Voulant recréer le monde des rêves, elle offre des performances qui s’apparentent à divers rituels. À ces deux artistes se joindront aussi plusieurs artistes de la région, dont Véronique Doucet et Pascal Gélina.
Avec une programmation apparemment si pointue et spécialisée, qui ira voir ces performances? « L’art performatif, c’est pour tout le monde, mais surtout pour ceux qui sont curieux de vivre des nouvelles émotions et sensations et qui sont prêts à venir voir sans idée préconçue », analyse Sylvie Crépeault. L’invitation est donc lancée!