Mon cœur oscille entre deux écrivains, aussi discrets l’un que l’autre, qui malheureusement ne publient plus, du moins plus rien en littérature. Jacques Michaud a publié en 1981 La terre qui ne commence pas, un long poème narratif qui raconte son père mineur à la Noranda, sa mère qui n’a jamais cessé de rêver de son Témiscouata natal, le train qui passait tout près et ce pays où les enfants naissent les poings fermés. Son roman Marie-Clarisse reprend l’image de cette mère qui lui a donné dix frères et cinq sœurs, amère d’avoir trop perdu d’elle-même et qui trouvait sa rédemption dans les champs de bleuets. Denys Chabot, quant à lui, a publié trois romans : L’Eldorado dans les glaces, La province lunaire et La tête des eaux. Trois romans d’une écriture somptueuse où récits, anecdotes, histoires mouvantes, tentatives mêlées, détails et traits rendent compte de l’abondance heureuse du monde. Tout cela autour de Val-d’Or et Senneterre. On l’a comparé à Gabriel Garcia Marquez. Entre les deux mon cœur oscille. L’un est touchant, l’autre étincelant.
Jacques Michaud vit maintenant à Gatineau où il est directeur littéraire des éditions Vents d’Ouest. Denys Chabot, après nous avoir donné de nombreux et précieux ouvrages historiques, vient de prendre sa retraite de la Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or. Qui des deux rompra cet affreux silence littéraire?