Alors que l’industrie musicale subit de grandes transformations avec la croissance rapide de la vente – et du piratage – de fichiers numériques, de nouveaux modèles d’affaires apparaissent. Parmi ces innovateurs, la compagnie Bonsound fait figure d’incontournable au Québec.

 

Cette petite boîte fondée il y a maintenant cinq ans compte une dizaine d’employés qui travaillent à différents niveaux avec des artistes comme Malajube, DJ Champion, Marie-Pierre Arthur, Chinatown, Torngat et les Rouynorandiens Philippe B et Geneviève et Matthieu. Et, à la tête de Bonsound, on retrouve un autre produit de Rouyn-Noranda, l’ex-Gwenwed Jean-Christian Aubry.

« À nos débuts, on sentait qu’il y avait vraiment, vraiment un besoin pour des services adaptés aux groupes qui commençaient », soutient Jean-Christian Aubry. À cette époque, la spécialisation était de mise et, bien souvent, les artistes devaient laisser tomber certains aspects importants tels la promotion ou les relations de presse, faute de moyens. « Pour nous, c’était la seule façon de faire un peu d’argent », soutient-il en faisant référence à cette offre de services à la carte; formule éprouvée depuis quelque temps dans d’autres pays, mais plutôt récente au Québec. « On ne mesure pas notre succès au nombre d’albums vendus : on est là pour aider des artistes à réaliser leur projet, à se rapprocher de leur rêve. »

C’est pour les besoins de son groupe, Gwenwed, que Jean-Christian avait cofondé Proxenett, sorte d’entité légale facilitant l’obtention de financement pour enregistrer des albums. Il a plus tard joint ses forces à celles de Gourmet Delice et Yanick Masse, respectivement membre et gérant du groupe les Breastfeeders, afin de mettre Bonsound sur pied. Leur propre expérience professionnelle les aidera à élaborer différents services adaptés aux groupes de la relève.

Heureux les humbles…
« Ces temps-ci, c’est pas une bonne idée de se partir
une business qui imprime des CD », illustre Jean-Christian Aubry pour décrire les mutations qui surviennent dans le monde de la musique. Mais il refuse de voir l’avenir en noir, et fait même preuve d’une grande confiance : « On vit une belle période pour la musique. Ce n’est pas vrai que les artistes font moins d’argent : ce sont les compagnies de disques qui en perdent. C’est un modèle d’affaires qui est en crise, pas la musique. »

Jean-Christian Aubry ne s’en cache pas : il ne roule pas sur l’or, mais il réussit à gagner sa vie honorablement. « Notre but, c’est que nos artistes puissent éventuellement vivre de ce qu’ils font, progresser dans leur démarche, et qu’on […] puisse sentir qu’on a fait une différence là-dedans  Ma job à moi, c’est de trouver des groupes et de gérer leur carrière, poursuit-il. Le but, c’est de trouver des groupes avec qui j’ai envie de travailler et qui vont pouvoir rapporter à la compagnie. »

Et pour ceux qui s’ennuient de Gwenwed, le groupe n’est pas mort, mais il n’y a aucun, alors là aucun projet
en vue pour le groupe mythique de Rouyn-Noranda qui semble avoir été trop en avance sur son temps pour connaître le succès que sa pop de qualité méritait. Et si Jean-Christian Aubry confesse qu’il s’ennuie de la création musicale, il ajoute du même souffle que son métier actuel le comble entièrement : « J’ai trouvé une façon de continuer à vivre l’excitation des coulisses et l’ambiance du studio d’enregistrement. C’est juste que ma créativité s’exprime autrement, en aidant d’autres gens à vivre ce trip-là. »

Cadeau d’anniversaire
Pour ses 5 ans, Bonsound offre gratuitement des versions de chansons de ses poulains revisitées par d’autres membres de son écurie, au rythme d’une par mois. On peut déjà télécharger la relecture qu’a faite Philippe B de Fille à Plume de Malajube, et l’interprétation que fait Sunny Duval de Fille d’automne, de Yann Perreau. 


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