Le film La Donation, cinquième long métrage de fiction du réalisateur Bernard Émond, inaugurera le 28e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, le 31 octobre. Cette œuvre tournée en grande partie en Abitibi-Ouest sera par la suite projetée aux quatre coins de la région dans le cadre des Sorties du Festival.

La Donation raconte l’histoire de Jeanne Dion, personnage d’un précédent film de Bernard Émond (La Neuvaine) qui, appelée à remplacer temporairement un collègue dans un village rural d’Abitibi-Ouest, se verra confrontée à une dure décision quand ce dernier mourra en laissant un trou béant dans cette petite communauté.

Avec ce plus récent opus, Bernard Émond complète une trilogie s’inspirant des vertus théologales, soient la foi (La Neuvaine), l’espérance (Contre toute espérance) et la charité. Mais le réalisateur n’est pas un « Jesus Freak », pas plus qu’il ne mène une charge à fond de train contre le catholicisme. « Ce n’est pas un film sur l’héritage chrétien au Québec » plaide le réalisateur, qui a plutôt cherché à opposer des problèmes contemporains à des solutions inspirées de valeurs qui semblent parfois oubliées. « On a un héritage moral à récupérer. On vit dans un régime d’égoïsme complet, et la solution se trouve en partie dans la logique du don, qui crée un lien fort entre les personnes. » Le don est d’ailleurs l’un des thèmes principaux du film, avec la transmission : « Il est selon moi essentiel de transmettre un héritage, et de reconnaître notre dette envers nos prédécesseurs et notre devoir face à ceux qui nous suivent », confie Bernard Émond.

ST : Un p’tit peu de nous autres là-dedans…

La Donation n’a pas qu’été tournée en région :  le cinéaste en a eu l’idée ici, il l’a en partie écrit ici, il a incrusté l’Abitibi-Témiscamingue dans la trame de son film. « Quand je suis venu présenter La Neuvaine, j’ai eu droit à un guide passionné (Pierre Lapointe, un gars d’ici) qui m’a offert un cours d’histoire en accéléré. C’est à ce moment que j’ai eu le goût de faire un film ici. » Le réalisateur soutient que la région est présente un peu partout dans son long métrage, d’abord parce les gens d’ici ont su faciliter la vie de l’équipe de tournage, mais aussi parce qu’il a lui-même su adapter son travail de réalisateur aux lieux et aux gens.

« On trouve chez vous une austérité et une nostalgie prenante, qui sont palpables à travers les paysages et qui, je crois, servent bien le propos du film », s’émerveille Bernard Émond, qui s’empresse d’ajouter que ses films partagent ces caractéristiques. En effet, ils ne sont pas spectaculaires (il abhorre le cinéma-spectacle), et commandent une certaine attention pour qu’on en apprécie les charmes et les subtilités, comme c’est le cas pour la nature de chez nous. Pour lui, tourner dans des régions dites « périphériques » est essentiel : c’est ce qu’il fait une fois sur deux. « Le montréalocentrisme, je trouve ça plutôt lassant », plaide-t-il.

C’est à Rouyn-Noranda que La Donation sera projeté pour la première fois au Québec, après des présentations souvent primées aux festivals de cinéma de Locarno, Toronto et Pusan, en Corée du Sud. « C’est la moindre des choses ! » s’exclame Bernard Émond. « Toute l’équipe a apprécié son expérience de tournage, on nous a tellement facilité la vie. » « Votre festival est à échelle humaine », poursuit-il. « Le contact avec le public est facile. Un comédien de théâtre est en contact avec son public chaque soir, et peut donc constamment valider son travail. Pour un cinéaste, c’est dans les festivals que ça se passe. » Le public d’ici se verra donc offrir un film qui parle de lui, par un homme d’images et de cœur.


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