Le chaos, c’est celui qui se bouscule dans la tête, le cœur et l’âme de Malorie à la suite du décès de son frère Arnaud. À 29 ans, il avait encore peu vécu. Un bête accident est venu mettre fin à son existence et faire basculer celle de sa sœur.
En se rendant à l’appartement d’Arnaud, pour récupérer des effets personnels appartenant à ce dernier, Malorie met la main sur un carnet de voyage dans lequel il relatait son plus récent périple en Islande. Sur un coup de tête, elle décide de suivre les traces de son frère pour revivre la même aventure que lui. C’est à travers le roadtrip de cette jeune femme solitaire et peu habile socialement que l’on apprend à connaître Arnaud et le vide que son départ laisse derrière lui. Cette semaine au pays des glaces permet à Malorie de sortir de sa zone de confort et d’entamer son deuil.
Tout au long de ce voyage, l’auteure fait découvrir la puissance, les beautés et les défis de l’Islande. Le trajet du personnage principal est un véritable pèlerinage rendant hommage à un lieu hors du commun et à un être cher parti trop rapidement. Les thèmes du deuil et du voyage s’amalgament si bien qu’on ne sait plus lequel d’entre eux est le prétexte de l’autre pour tisser cette intrigue axée principalement sur l’évolution psychologique. L’écriture de ce dialogue intérieur est d’une grande fluidité et d’un tel réalisme qu’elle donne l’impression que le mort est plus vivant que jamais. Cette lecture transforme notre façon d’affronter les épreuves. On comprend qu’il n’est pas nécessairement profitable de contourner la tempête; il faut parfois foncer la tête première vers celle-ci pour en ressortir grandi.
L’INSPIRATION
L’Abitibienne Andrée-Anne Brunet avoue que l’idée de ce roman lui est venue de façon plutôt macabre. « Il y a quelques années, mon chum est allé seul en Irlande. Il a fait un voyage incroyable dont il m’a longuement parlé à son retour en me disant, “J’ai hâte de t’amener en Irlande pour que tu voies et que tu vives ce que j’ai vécu”. Va savoir pourquoi, je me suis dit que si mon homme mourait demain, j’irais en Irlande seule pour tenter “d’être avec lui” une dernière fois, sachant que ce voyage a été aussi précieux pour lui. À partir de cette idée plutôt macabre, j’ai pensé transposer ça dans une histoire entre frère et sœur. »
Le personnage de Malorie s’est défini au fur et à mesure qu’elle écrivait l’histoire, puisqu’il est rare pour l’auteure d’entreprendre son processus d’écriture avec un personnage déjà très clair dans sa tête. « On dirait que mes personnages se dévoilent à moi au fil des pages. » Toutefois, dès le départ, elle souhaitait que ce voyage donne de l’espace à Malorie pour qu’elle puisse vivre, se découvrir comme femme, comme humain. « Les voyages ont cet effet transformateur sur moi et je voulais transmettre ça à Malorie. Être ailleurs, c’est comme si ça nous donnait la permission d’être 100 % soi-même, sans filtre, sans jugement. »