Une nouvelle scène accueille depuis peu la cantatrice Isabelle Trottier qui a dû troquer une partie de ses partitions pour prendre les rênes du Conservatoire de musique de Val-d’Or. En poste depuis le 8 juillet, elle vient de vivre sa première rentrée comme directrice de ce lieu d’enseignement des arts de la scène, où la musique occupe le premier rang.

 

« Tout se passe très bien : l’équipe, les élèves. Tous semblent contents de voir que la nouvelle direction est une personne qu’ils connaissent et qui connaît aussi la région », commence Isabelle Trottier. Depuis 2015, elle enseignait l’art lyrique au Conservatoire et a également participé à différents projets musicaux. Même si le défi de succéder à Jean St-Jules l’emballe, Isabelle Trottier concède que faire le saut a demandé une grande réflexion.

« C’est un pensez-y-bien. Accepter un poste de direction imposait de laisser derrière moi une grande part de mon enseignement », reconnaît-elle.

D’un même souffle, elle explique qu’elle est heureuse de voir s’épanouir devant elle un talent et avec la voix, cette découverte devient encore plus particulière. « La voix, c’est quelque chose de très intime et personnel », ajoute-t-elle. En prenant la direction, le talent devient pluriel. « Au lieu de voir se révéler le talent individuel, on tente de contribuer à l’épanouissement d’une équipe de professeurs, d’élèves, de toute une école », affirme la nouvelle directrice.

De l’avis d’Isabelle Trottier, le Conservatoire de Val-d’Or est en excellente posture. « Jean St-Jules a mis en place des choses grandioses. L’édifice est neuf, la salle de concert est très utilisée, beaucoup de partenariats ont été bâtis. Ce qui lui manque, au Conservatoire, c’est d’être mieux connu pour sa mission et faire en sorte de rendre disponible partout une formation pour musiciens professionnels », croit-elle.

UN CONSERVATOIRE OUVERT SUR SA RÉGION

« C’est une école subventionnée, les places sont limitées, mais toute personne qui a un talent prometteur et un élan du cœur peut tenter sa chance. » Isabelle Trottier insiste sur ce point : le Conservatoire n’est pas une école privée, on ne s’y achète pas une place non plus. On y accède par la voie de la sélection.

« Dans les années  960, les musiciens qui souhaitaient obtenir une formation professionnelle devaient s’exiler aux États-Unis. Lorsque le gouvernement du Québec a créé les conservatoires, c’était dans un esprit d’accessibilité. Après Montréal et Québec, Val-d’Or s’est rapidement ajouté », souligne Isabelle Trottier.

Elle espère que l’Abitibi-Témiscamingue soit mieux au fait de la mission de ce lieu d’enseignement. « Nous sommes là pour les jeunes musiciens qui ont envie que la musique fasse partie de leur vie, peu importe la place qu’elle occupera dans l’avenir pour eux », dit-elle, animée d’une volonté d’accessibilité.

Lieu de formation supérieure, le Conservatoire offre aussi des formations préparatoires, pour les jeunes du secondaire, intermédiaire (cégep) et supérieure (universitaire). La directrice insiste aussi sur les particularités et les besoins régionaux.

« La définition d’un musicien professionnel n’est pas la même en 2019 que dans les années 1960 ni la même en Abitibi-Témiscamingue et Montréal. Il faut se modeler à la réalité », insiste-t-elle. Cette réalité impose aussi des réflexions territoriales. « On associe beaucoup le Conservatoire à Val-d’Or, mais le service est pour toute la région. Nous avons des élèves à Amos, à Rouyn-Noranda également. Nous avons un local à l’UQAT à Amos d’ailleurs. Ce serait chouette de faire de même avec le campus de Rouyn-Noranda, sans oublier les territoires plus au nord, où il y a des talents. Il nous faut ouvrir les bras. » Embrasser aussi large que la région et faire du Conservatoire le centre d’une étoile dont les pointes s’étirent dans toutes les directions. C’est la vision que se donne Isabelle Trottier.


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.