Du 7 juin au 27 septembre prochains, le MA musée d’art de Rouyn-Noranda accueillera l’exposition Ayemiyedan Nisin/Dialogue trois. Sous le commissariat de Jean-Jacques Lachapelle, Viriginia Pesemapeo Bordeleau et Kevin Papatie, l’exposition regroupe cinq artistes des Premières Nations. Joi T. Arcand (crie) Hannah Claus (kanien’kehá:ka) Émilie Monnet (anicinabe) Dominic Lafontaine (anicinabe) et Roger Wylde (anicinabe) présenteront des œuvres abordant des enjeux relatifs aux langues autochtones. L’exposition est d’ailleurs présentée dans le cadre de l’année internationale des langues autochtones.

Ce n’est pas la première fois que le MA musée d’art explore le thème du dialogue et cette exposition s’inscrit dans ce qu’il convient désormais d’appeler le Cycle des dialogues. « [Ce cycle] met en lumière la situation des artistes autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue et vise à provoquer les rencontres », explique Jean-Jacques Lachapelle, directeur du MA musée d’art. Le dernier Dialogue du musée remonte à 2015. Le musée avait alors procédé au jumelage d’artistes allochtones à des artistes autochtones dans le but de créer des œuvres collaboratives. Cette fois, le dialogue renvoie au caractère fondamentalement langagier du terme puisqu’il est question des langues autochtones.

Les artistes abordent la question des langues autochtones sous différents angles, souvent en lien avec leur territoire d’appartenance respectif. Artiste montréalaise issue de la Première Nation Kanien’kehá:ka (mohawk), Hannah Claus met en doute le récit traditionnel d’un événement en y ajoutant des termes en langue mohawk choisis pour mettre en lumière les éléments occultés. « C’est une manière de rappeler un pan de l’histoire qui a été effacé, explique Jean-Jacques Lachapelle. Les mots ont été choisis pour expliquer différents éléments de l’histoire. » Joi T. Arcand se questionne quant à elle sur l’apparence visuelle des lieux dans le cadre d’un projet photographique. Elle offre au public une fenêtre sur une ville où toutes les signalisations et les enseignes seraient présentées en écriture syllabique crie. Travaillant le ready-made, Dominic Lafontaine s’intéresse à l’imposition de la langue du colonisateur et aux malentendus parfois causés par la traduction. Chez Émilie Monnet, un entretien en anicinabemowin et en français ravive des souvenirs d’une vie au bord de la rivière à Kitigan Zibi. Enfin, Roger Wylde, constatant que sa langue menace de s’éteindre, aborde la vulnérabilité de l’anicinabebowin.

Le vernissage de l’exposition aura lieu le 7 juin prochain à 19 h. Un peu plus tôt le jour même, à 14 h, se tiendra une plénière où les artistes échangeront sur leurs expériences de vie et s’exprimeront sur l’enjeu des langues autochtones. Des activités en lien avec l’exposition Ayemiyedan Nisin/Dialogue trois seront présentées tout l’été au MA musée d’art. Pour son camp de jour, l’établissement compte par ailleurs accueillir chaque semaine des artistes autochtones qui sensibiliseront les jeunes à ces mêmes questions.

Une autre salle du musée sera occupée par une exposition de 13 tableaux de l’artiste Frank Polson : Les treize enseignements de Grand-mère Lune.


Auteur/trice