Après son premier roman au succès marqué Coco, Antoine Charbonneau-Demers séduit à nouveau le lectorat avec son deuxième livre Good Boy dans lequel un jeune adulte homosexuel, timide et excentrique veut profiter de son jeune âge. Ce faisant, comme le personnage de Coco, il tentera de vivre des expériences nouvelles en plus de plonger dans un univers onirique.

 

Dans chacun des récits, les protagonistes se découvrent grâce à leur entourage qui les guide vers des dynamiques malsaines. Dans Coco, le personnage principal cherche à profiter de sa jeunesse par la consommation de drogue sous les conseils de ses deux amies, bien qu’il n’en ait pas réellement envie. Cela ne lui sied pas particulièrement, car sa santé mentale est déjà fragile. Il suit également des cours de théâtre au cours desquels une relation amour/haine se développe entre lui et son enseignante, avec qui il s’imagine avoir une relation de couple. Le même schéma s’observe dans Good boy : le personnage principal décide de « péter le cube », c’est-à-dire de vivre différentes expériences pour être se démarquer des autres, après avoir discuté avec sa colocataire Rosabel et leur amie Anouck. Pour ce faire, il enchaîne notamment les partenaires sexuels et adopte des pratiques qui ne lui plaisent pas. Ainsi, il développe des relations autodestructrices avec ses différents amants, allant jusqu’à subir des viols de la part de son amoureux Jérôme et à attraper une chlamydia. Cette pression de sortir de l’ordinaire est également imposée à Anouck, au point où elle subit deux agressions sexuelles.

Au long des deux romans, les histoires sont teintées d’éléments qui n’existent que dans la tête des personnages principaux. Dans le premier livre, Coco se laisse envahir par la folie, à un tel point qu’on ignore à la fin s’il tue réellement son enseignante de théâtre ou s’il le fait seulement dans son imagination. Dans le second livre, cette fantaisie est plus nuancée : le protagoniste est conscient que ses idées sont un peu floues et qu’il imagine un univers inexistant, par exemple lorsqu’il voit Rihanna ou qu’un chat le suit partout où il va. Dans son cas, on met rapidement ses pensées surprenantes sur le compte de l’anxiété et on comprend mieux ses états d’âme. On vagabonde dans son esprit de manière inhabituelle, mais pas aussi extrême que dans le premier roman. Malgré tout, des problèmes mentaux plus sévères sont toujours présents avec le personnage de Florentia, la femme de leur propriétaire qui est atteinte d’Alzheimer.

En réalité, bien que les thèmes abordés dans Good Boy ressemblent à ceux traités dans Coco, ils le sont de manière plus réaliste et plus engagée. L’auteur semble notamment vouloir dénoncer la culture du viol dans son ouvrage, ce qui n’est pas le cas dans le premier roman. Antoine Charbonneau-Demers s’émancipe donc tranquillement de son premier roman sans aller vers un style totalement différent de celui-ci.


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