Le 4 juin 1912, un train d’excursionnistes venant de Saint-Stanislas et de Saint-Adelphe (comté de Champlain) quitte Montréal. Parmi eux se trouvent Achille Asselin, Nestor Trudel, Bruno Grandbois, Gustave Roberge, Odilon Bordeleau, Dosité Lafontaine, Alcide Gagnon et Louis Ayotte, tous des chefs de famille.
 
Le 8 juin, après être passé par La Reine, le train les conduit jusqu’à Amos où, pendant une semaine, les hommes visitent les concessions offertes aux alentours. N’ayant rien trouvé à leur gout, ils décident de revenir vers Wabakin (La Sarre).
 
Au terme de cette expédition de 14 heures, le seul hôtel disponible est un vieux wagon sans porte ni fenêtre. Ils dressent alors leur tente, pensant avec beaucoup de logique qu’il n’y aurait jamais de village dans ce trou perdu. Plus tard, ils dirigent leurs pas vers ce qui deviendra Colombourg et c’est à cet endroit qu’ils trouvent des terrains adéquats. De retour à Saint-Stanislas, Louis Ayotte vend tout ce qui lui appartient par en bas pour 1200 $.
 
Il revient à Colombourg avec toute sa famille, dans un deuxième train d’excursion parti le 12 juillet. À leur arrivée, le 16 juillet 1912, ils montent la tente près de la grosse calvette, à proximité des vieux campements des employés travaillant à la construction du chemin de fer de la station de Colombourg.
 
Par la suite, il construit son campement prévu pour y loger une douzaine d’hommes, car le chef de famille devient jobber de coupe de bois et entend bien travailler à l’ouverture des chemins de colonisation dans le canton. Son épouse, Noémie Perron, femme forte, grande de taille et de cœur, sait accueillir et accommoder les nouveaux arrivants.
 
Leurs enfants, Donat, 12 ans; Wilson, 10 ans; John, 8 ans et Aldem, 6 ans, les accompagnent. Donat raconte: «Mon père m’avait acheté une 22 pour aller à la chasse car, dans ce temps-là, y’avait du lièvre, de la perdrix, des orignaux qu’on voyait passer dans les abatis. On a passé l’hiver, le printemps et l’été 1912-1913 tout seuls. Y’avait des mouches… on en a mangé!»
 
À l’automne 1913, Louis Ayotte revient à La Sarre, où l’on vient de tirer les lignes. Il achète le camp de Jack Babin. Sa famille y demeure
jusqu’à l’été 1914. Lorsque la gare de La Sarre est terminée en 1914, on peut joindre deux lignes de télégraphe : la ligne Cochrane-La Sarre et la ligne La Sarre-Taschereau.
 
« Mon père a construit la première maison de La Sarre avec les restes du bois de la gare, se souvient Donat. Le carré était fait en épinette rouge et les murs, avec les restes des planches de la station. »
 
En 1915, Louis Ayotte fait un chantier sur le lot 29 du rang VII. Il construit cinq maisons, dont celle aux sept pignons située sur l’avenue des Cèdres. Il vend ce lot en 1921 à Henri Perron. Louis Ayotte meurt le 14 mai 1938.
 
Quant à La Sarre, c’est le 1er août 1917 qu’elle est officiellement érigée en municipalité.
 
Source: L’Ancêtre, bulletin de la société généalogie de Québec, février 1998