Michel Forest, muséologue, répond aux questions d’Hélène Bacquet, coordonnatrice du Réseau muséal de l’Abitibi-Témiscamingue. Cette entrevue porte sur les activités de diffusion des musées : les expositions et l’éducation muséale.

 

Comment mettre en scène les objets dans une exposition?


On essaie d’abord de faire en sorte que l’objet soit perçu individuellement, pour ce qu’il est. Il faut ensuite regarder comment relier les objets pour qu’ils nous racontent une histoire sans se nuire entre eux. Pour les tableaux, en particulier, on s’efforce de laisser une distance telle qu’on peut les regarder un à la fois. Même si, du coin de l’œil, on voit le voisin, notre concentration peut rester sur une pièce à la fois. On évite aussi de faire des textes qui n’en finissent plus. On veut que l’attention des visiteurs soit portée sur l’objet et que les textes servent de complément.


Y a-t-il des règles relatives à la disposition des objets?


Oui. Souvent, le public ne s’en rend pas compte! Par exemple, il y a une façon d’accrocher les tableaux. Un bon accrochage se fait par le centre des tableaux, à un niveau correspondant à la hauteur des yeux d’une personne de taille moyenne. Ce n’est pas quelque chose dont on est conscient mais, si c’est bien fait, le visiteur se sent à l’aise sans vraiment savoir pourquoi.

 

Quand une exposition atteint-elle son objectif?

 

Si on m’avait posé la question quand j’ai commencé dans le métier, j’aurais dit : lorsque l’exposition fournit toutes les réponses. Avec l’expérience, je dirais que l’exposition doit laisser de la place au visiteur pour expérimenter par lui-même, se poser des questions et trouver en partie ses propres réponses. Ça rend l’apprentissage plus personnel et, donc, susceptible de rester plus longtemps en mémoire.


En marge de l’exposition, les activités d’éducation muséale encouragent aussi le visiteur à devenir un participant actif dans la découverte des thématiques mises en vedette par les expositions. La réflexion sur l’implication des visiteurs dans leur apprentissage va même désormais plus loin. On parle aujourd’hui de médiation culturelle, une approche qui vise, entre autres, à rejoindre des publics qui ne viennent habituellement pas au musée. L’idée est d’impliquer les visiteurs dans la conception même des activités, pour que celles-ci répondent plus directement à leurs besoins. Il peut s’agir, par exemple, de visites de collections de peintures favorisant l’intégration d’immigrants en leur permettant de découvrir la culture québécoise, d’expositions de photographies de quartiers telles que vues par des sans-abris, ou encore d’activités de médiation réalisées dans les prisons. De tels efforts montrent bien que les musées cherchent de nouvelles manières de faire connaître tout ce qu’ils ont à offrir et, ainsi, de réduire le nombre des « exclus » qui ne profitent pas de tous ces patrimoines qui leur appartiennent


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