La ville d’Amos tient son nom d’une femme à propos de laquelle très peu d’informations nous sont parvenues jusqu’à ce jour, mais qui semble avoir vécu l’existence typique des femmes de la bourgeoisie du début du XXe siècle.

 Alice Amos naît le 3 novembre 1868, à Montréal. Ses parents, Auguste Amos (originaire Wasselone, une ville d’Alsace en France) et Marie-Louise Boyer (de Montréal) sont des gens aisés. Le grand-père paternel d’Alice avait émigré en Alsace vers 1795 en provenance du Würtemberg, en Allemagne. Aînée de sa famille, elle a quatre frères. De sa vie avant son mariage, on ne sait rien sinon qu’elle incarne les qualités et les traditions de son milieu et de sa génération.

Elle fréquente un cercle d’amis comprenant des intimes de Lomer Gouin, premier ministre du Québec depuis 1905. Celui-ci avait épousé la fille d’un autre premier ministre, Honoré Mercier, Élisa, malheureusement décédée en 1904. Le 19 septembre 1911, Alice et Lomer se marient à la cathédrale Saint-Jacques de Montréal. Elle a 42 ans, et lui, 50, et il est père de deux fils. C’est donc peu de temps après ce mariage que le village naissant d’Amos prend le nom de l’épouse du premier ministre du Québec, soit en 1914.

ST : Le charme discret de la bourgeoisie

Lady Gouin est reconnue comme bienfaitrice de nombreuses institutions : l’hôpital Notre-Dame, l’hôpital Sainte-Justine, l’Asile de la Providence, l’Institut des sourdes-muettes et la Croix–Rouge. Elle fait aussi partie de diverses associations dont la Société d’Archéologie et de Numismatique (section féminine), du comité France-Amérique et est membre honoraire du Women’s Press Club. Dans L’Abitibi d’autrefois, d’hier et d’aujourd’hui, l’historien Pierre Trudelle rapporte qu’elle a fait don d’un ostensoir à l’église d’Amos en 1914.

Lady Gouin effectue de nombreux voyages, notamment en Europe. Après la mort de son époux, Lady Gouin vit à Montréal et ne s’absente que lorsqu’elle séjourne, comme à chaque été, à Pointe-au-Pic dans Charlevoix. Au printemps de 1940, même si elle se sait malade, elle se rend quand même à sa maison de campagne. Son état s’étant aggravé, elle rentre à Montréal sur les recommandations de ses médecins. Elle y décède le 31 août 1940 dans son appartement du Château, rue Sherbrooke Ouest.

Petit Box ?

Lomer Gouin a été commissaire des Travaux publics du 3 octobre 1900 au 2 juillet 1901, puis ministre de la Colonisation de cette date au 3 février 1905 dans le cabinet Parent (1900-1905). Il occupera le poste de premier ministre du Québec de 1905 à 1920. On le retrouve ensuite sur la scène fédérale comme ministre de la Justice du 29 décembre 1921 au 3 janvier 1924 dans le cabinet libéral de Mackenzie King. Gouin sera par la suite nommé lieutenant-gouverneur du Québec, poste qu’il occupe brièvement car il décède le 28 mars 1929 alors qu’il avait été désigné à cette fonction le 10 janvier de la même année. Il avait été fait baronnet par le roi Édouard VII en 1908 à l’occasion du tricentenaire de la ville de Québec, ce qui lui a valu de pouvoir accoler le titre de « sir » à son nom et celui de « lady » au nom de sa femme.