Serge Bordeleau se fait lentement un nom dans le milieu cinématographique témiscabitibien… et québécois. Son film Kitakinan – Notre territoire à tout le monde – qu’il a promené aux quatre coins de la région l’hiver dernier – lui a valu des prix lors des Rendez-vous du cinéma québécois (Meilleur film étudiant) et aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (Meilleur espoir Québec/Canada), entre autres. La bande annonce du 75e anniversaire de Val-d’Or qu’il a réalisée, en compagnie de Yan Lapointe et Alex Martel, a aussi beaucoup fait jaser.

C’est alors qu’il étudie la biologie à l’Université Laval qu’il connaît un premier succès, alors que son film Les perdants remporte un prix au gala des Muses, le prix des Arts et de la Culture de l’Université Laval. Après quelques contrats comme chargé de projet en biologie (notamment auprès de la communauté de Kitcisakik), il choisit de faire le grand saut et d’entamer un certificat en scénarisation à l’Université du Québec à Montréal, en même temps que son frère cadet, Pierre-Étienne. Sa nouvelle vocation se confirme : dès l’obtention de son diplôme, il s’enrôle au baccalauréat en communication de la même institution… tout comme son frère. C’est là qu’il a réalisé Kitakinan, qui est devenu sa carte de visite.

S’enraciner
Quand on lui demande pourquoi il a choisi de revenir à Val-d’Or – pas nécessairement reconnue pour être un creuset de création cinématographique – Serge Bordeleau répond avec ce ton amusé qui a fait les délices des amateurs de la Ligue d’impro de Val-d’Or dans laquelle il joue : « Parce que j’suis pas capable de vivre à Montréal! ». Il est conscient qu’il n’est pas évident de gagner sa vie grâce au film en Abitibi-Témiscamingue. « J’aimerais au moins vivre de l’audio-visuel », concède-t-il, se disant prêt à accepter des contrats divers pour gagner sa vie. « Surtout s’il y a un aspect créatif intéressant, précise-t-il. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours trouvé un angle stimulant aux projets que j’ai réalisés, assez pour avoir envie de gagner entre 3 et 7 $ de l’heure! »

Il faut dire qu’il ne reste pas passif et qu’il sait provoquer sa chance (en plus d’avoir du talent!). Aussi travaille-t-il d’arrache-pied pour mettre en place des conditions qui favoriseraient la production cinématographique, le soutien aux créateurs, la diffusion du cinéma d’ici auprès des gens d’ici et d’ailleurs. Ainsi, ce nouveau membre du conseil d’administration du ciné-club Promovues de Val-d’Or planche-t-il sur un projettd’organisme de soutien à la relève cinématographie et sur un festival de cinéma qui devrait voir le jour à l’automne (voir texte ci-contre).

Serge Bordeleau se donne un an pour s’établir dans son domaine. Cette année pourrait être chargée, d’ailleurs, avec la bourse de la SODEC qu’il a reçue pour développer un projet de court métrage. Et si ça ne fonctionne pas d’ici là? « Je me trouverai des contrats de consultant en environnement », laisse-t-il tomber. Mais on sent qu’il n’aura pas à s’astreindre à ce choix : en bon biologiste, il semble sensible à l’importance de s’adapter à son milieu, de s’intégrer à ses interactions et de se nourrir de ses forces. Des principes qu’il traduit dans sa démarche d’artiste et de promoteur de la création cinématographique en région.


 

 

Un Bordeleau, des Bordeleaux

Serge, l’aîné, est né le 8 janvier, et Pierre-Étienne, le cadet, le 7 janvier, à quatre ans d’intervalle. Ils ont fait en même temps un certificat en scénarisation à l’UQAM, puis un baccalauréat en communication spécialisé en cinéma. Après quelques films tournés ensemble – Serge préfère la réalisation et Pierre-Étienne, la caméra – le plus vieux revient à Val-d’Or alors que le plus jeune demeure à Montréal. À l’été 2009, l’un part pour un camp de cinéma en Serbie, alors que l’autre va suivre une formation de direction photo en Hongrie. Et à l’automne, tous deux ont reçu une bourse de la SODEC pour l’écriture d’un court métrage. D’ores et déjà, Serge sait qu’il fera appel à son frère pour mettre ses idées en images. Des parcours parallèles aux multiples points de jonction…


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