À 20 ans, Rosalie Mowatt récolte déjà une partie de ses rêves et aspirations en cumulant les succès. Son œuvre NI CIMEC, NI MISES (Plus jamais de sœurs volées) a été sélectionnée et acquise par Femmes Autochtones du Québec. L’organisme l’a ensuite exposée au Musée huron-wendat de Wendake. 

Membre de la communauté de Pikogan, Rosalie Mowatt a quitté la région en 2019 pour étudier en arts visuels à Montréal. La réalité de la pandémie l’a contrainte à revenir poursuivre ses études à distance en Abitibi-Témiscamingue quelques mois, avant de repartir. Elle se trouve maintenant à Québec où elle suit un cours d’enseignement des arts plastiques à l’Université Laval. 

C’est une invitation de Femmes Autochtones du Québec, un appel de projets pour représenter le drame des femmes disparues et assassinées, qui a interpellé la jeune femme. « Ça me pousse à vouloir en apprendre davantage sur ma culture, l’histoire de ma famille, de ma communauté ». 

Pour ce volet introspectif et cette quête d’informations, elle a travaillé en collaboration avec sa grand-mère, sa kukum, Julie Mowatt. « C’est très beau et je suis très contente de pouvoir avoir ces discussions-là avec elle. Ses souvenirs pourraient être perdus parce qu’ils se trouvent dans sa mémoire. J’associe ça à de la tradition orale. Nos conversations dérivent parfois vers des anecdotes qui peuvent m’inspirer, mais le tout a aussi un effet documentaire. » 

RUBANS ET RÊVES 

L’œuvre, une roue de vélo dont elle a retiré le pneu et les rayons est tissée d’un fil métallique. L’ensemble ressemble un peu à un capteur de rêves auquel sont accrochés des rubans rouges de différentes dimensions, le plus long mesure 150 cm. À chaque extrémité se trouve une clochette, comme on en retrouve sur les jingle dress (robes à clochettes), dans laquelle a été glissé un bout de papier où est inscrit le nom d’une disparue. « Traditionnellement, la danse où l’on porte la jingles dress est une danse de guérison. Je voulais traduire quelque chose de plus positif en guise d’espoir et de collaboration », explique Rosalie Mowatt. 

RECONNAISSANCE ET IDENTITÉ 

Depuis deux ans, la jeune artiste signe aussi les affiches du Pow-Wow de Pikogan, qui aura lieu cette année les 10 et 11 juin sous le thème Mama8i (Tous ensemble). « Après une pause pandémique, lorsqu’il avait été annoncé que le pow-wow se tiendrait de nouveau, j’avais imaginé une affiche. Je l’avais envoyé au comité organisateur qui a accepté d’en faire son affiche », mentionne l’artiste. 

Cette reconnaissance de la communauté, qui a aussi souligné sa collaboration avec Femmes autochtones du Québec, lui procure un sentiment d’apaisement et peut-être même une forme de validation. « Être loin de ma famille, pour les études, c’est difficile. C’était plus facile quand j’étais à Montréal. Aussi, mon père est autochtone et ma mère est blanche, il arrive que je me questionne encore à savoir si je suis “assez” autochtone. L’appui de ma communauté m’encourage et me fait me reconnaître », confie Rosalie Mowatt. 

Inspirée et posée, Rosalie Mowatt dégage une impressionnante maturité pour une jeune femme de 20 ans qui cultive le succès avec humilité. « Je ne sais pas encore ce que l’avenir me réserve. En ce moment, je développe mes habiletés et je poursuis mes démarches », conclut-elle. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.