Mai 1968 a marqué l’émergence d’un nouveau paradigme en culture : celui de la démocratie culturelle. Au lieu de réserver la production artistique à une élite, choisie par les consommateurs bourgeois, le concept de démocratie culturelle stipule que l’art est une forme d’expression, que tout le monde a le droit de produire et de consommer l’art. L’action culturelle appelle même à une politisation des consciences, car elle constitue un refus d’encourager l’élite et ses « Beaux-Arts » en sollicitant la participation de tous à l’expression et à la critique.

C’est de ce paradigme qu’est née l’une des formes de médiation culturelle. Avec l’objectif d’inciter un maximum de gens à pratiquer des formes artistiques, la médiation culturelle invite tous les individus à exprimer leur propre culture (parce que la culture, après tout, est un amalgame de tellement de valeurs, de traditions, de modes de vie et d’autres éléments sociaux intériorisés qu’elle est, au bout du compte, quelque chose de très personnel).

Comment se fait-il, alors, qu’on entende encore des gens dire : « Ah non, pas moi, je ne participerai pas, je ne sais pas dessiner. » Ne pensez pas que la médiation culturelle a pour objectif de produire des œuvres dignes des Beaux-Arts! L’objectif est plutôt l’expression, le partage, la rencontre. Votre culture, les couleurs, les formes et les mouvements qui émergeront de votre pratique sont aussi légitimes et importants que celles d’un autre. Et plus une diversité de personnes participe, plus la culture devient riche. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la médiation culturelle est si avantageuse lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouveaux arrivants à leur communauté d’accueil. En sortant tous les participants de leur zone de confort, elle aide à mettre de côté les préjugés et les barrières.

Imaginez que vous faites partie d’un groupe à qui l’on demande de dessiner sa plus grande crainte, par exemple. Votre première réaction sera de dire : « Je ne sais pas dessiner, je n’y arriverai pas. » Vous voilà vulnérable. Et dans cette vulnérabilité, l’aveu de votre voisin de table vous fait du bien : « Je n’ai pas dessiné depuis l’âge de 7 ans. » Vous partagez donc la même insécurité et vous en riez. Vous n’êtes plus seul. Ensemble, en discutant, vous vous aidez alors mutuellement et prenez de l’assurance. L’atelier se termine et vous avez créé un lien avec cette personne.

Que vous sachiez dessiner, peindre, danser, etc., n’a donc pas d’importance. La question est plutôt : « Est-ce que j’ai envie de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre une nouvelle aventure avec elles? » Les centres d’expositions, les musées et bien d’autres organismes de l’Abitibi-Témiscamingue donnent souvent ce genre d’ateliers. Consultez leur programmation et n’hésitez pas à vous inscrire!


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