L’ampleur du déni collectif face à l’urgence climatique n’a d’égal que sa débilité. Pourtant, il n’y a AUCUNE ambiguïté : pour reprendre les mots d’Hugo Latulippe, « une croissance économique infinie sur une planète finie est une absurdité ». L’évidence ayant été nommée, le texte aurait pu s’arrêter là. En fait, on ne devrait pas avoir à en dire plus. C’est une vérité accessible et difficile à contester, à moins d’être de très mauvaise foi.

Mais dans ces quelques mots, qui expriment en toute simplicité la plus grande problématique de notre époque, pointe l’élément qui nous fait caler au fond : la crise climatique n’est rien d’autre qu’une crise économique. On le voit avec l’actuelle crise sanitaire, c’est lorsque ça touche l’économie que ça devient compliqué!

Dans son essai, Guérir du mal de l’infini (éditions Écosociété), Yves-Marie Abraham expose que « le Canadien moyen a une empreinte écolo d’environ 8 hectares globaux alors que la biocapacité planétaire est évaluée à 1,68 hectare global par être humain ». Il souligne également que les principaux intéressés dorment sur leurs deux oreilles parce qu’ils vivent séparément des conséquences. En effet, il y a une séparation entre nos gestes quotidiens et leurs effets ultimes : quand on met de l’essence dans le réservoir, quand on jette nos cossins de plastique dans la poubelle ou qu’on achète nos morceaux de vêtements fast fashion, il se passe… rien! Ainsi, personne ne se sent directement responsable de la perte de biodiversité ou du réchauffement climatique. Dans l’essai La philosophie à l’abattoir (éditions Atelier 10), les auteurs établissent que « les arguments moraux s’avèrent notoirement peu convaincants lorsqu’ils vont à l’encontre de nos intérêts personnels, particulièrement s’ils commandent de transformer profondément nos comportements et modes de vie ». Ils ajoutent même que « les gens qui appuient le mouvement écologiste tout en prenant l’avion, c’est la norme plus que l’exception ».

On vous annonce aujourd’hui qu’on ne sauvera pas la planète en troquant le plastique de nos brosses à dents pour du bambou ou en achetant tous les produits avec-un-arbre-dessiné-dessus. On mentionnait plus haut que le Canadien moyen a une empreinte de 8 hectares globaux. Eh bien, sachez que les gens vivant dans la plus grande simplicité présentent en moyenne une empreinte écologique de 5 hectares globaux! C’est beaucoup mieux, mais encore bien au-dessus de la limite planétaire.

Dans nos sociétés occidentales dont les modes de production sont basés sur de très lourdes infrastructures, il n’y a pas de réelle consommation responsable possible. Ce qu’il y a de profondément injuste dans tout ça, comme l’exprime Laure Waridel dans son ouvrage La transition, c’est maintenant (éditions Écosociété) : « Les plus jeunes d’entre nous subiront de manière disproportionnée les coûts humains, économiques et sociaux des changements climatiques comparativement à leurs aînés, à l’origine des sévices. » Laure Waridel, à la fois profondément renseignée et optimiste (ce qui a le mérite d’être rassurant), croit qu’aucune lutte n’est trop grande pour être affrontée collectivement. Elle fait d’ailleurs partie, avec Anaïs Barbeau-Lavalette, des fondatrices du mouvement Mères au front qui a pris racine en Abitibi-Témiscamingue en 2020.

On le constate, pour éviter la dégradation catastrophique de notre climat, ça prendra des changements courageux et majeurs. Ainsi, le mouvement Mères au front s’adresse directement aux élus pour exiger l’adoption de mesures concrètes et audacieuses afin de protéger nos enfants et la vie sur terre. Le carburant de Mères au front est la puissance de la force maternelle (doublée de la colère face à l’inaction vis-à-vis l’imminente atteinte des limites planétaires), mais c’est somme toute un mouvement inclusif, comme le précise Anaïs Barbeau-Lavalette : « L’appel est fait à tous ceux qui se sentent mères de façon universelle, et pères, à tous ceux qui ont une lien avec l’enfance, tous ceux qui ont envie de protéger la suite du monde et la vie sur Terre qui nous suivra. »

L’amour de nos enfants est notre arme de construction massive, pour la suite du monde.

Pour suivre le mouvement, rendez-vous sur le site Web de Mères au front et sur les pages Facebook respectives des mouvements Mères au front de Rouyn-Noranda et Val-d’Or.


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