Pour rédiger cette chronique, et c’est aussi une vieille habitude, je remplis des cahiers en notant les nouvelles, des commentaires, mes impressions, des citations. C’est en vrac, puis je remets de l’ordre et ça devient souvent un texte qui se tient et qui peut être lu. C’est ma méthode. D’autres fois, l’idée de départ est bonne, puis arrive le cul-de-sac. Je ne trouve pas le bon fil à tirer ou la limite de mots est dépassée. Pour cette dernière chronique de l’année, je vous offre quelques bribes de chroniques, mort-nées, restées pêle-mêle dans mes carnets.

I- En octobre, je voulais écrire sur cette idée que l’école est toujours la solution à tous nos maux et nos problèmes.

Le Québec devra bientôt arrêter avec ce réflexe du « tout à l’école ». Un problème survient, on charge l’école d’en réduire les méfaits. Les gens s’endettent trop, on a programmé en vitesse un cours de finances personnelles. Les jeunes consomment de la porno et on ramène des heures d’éducation sexuelle. Et, dernièrement, on démontre que les enfants sont anxieux, angoissés et stressés, et la solution première qui est proposée : un cours d’éducation à la santé mentale. Argent, contraception, bonheur, recyclage, compost, jardinage, cuisine, sport : vaste programme, et moins de temps pour lire, écrire, compter, penser. Les enseignants ne sont pas des hommes-orchestres, on leur demande de courir trop de lièvres à la fois, pour ensuite se plaindre des résultats.

II- Cet automne, il y a bien sûr eu les élections fédérales.

 

La première conclusion à tirer des résultats du 21 octobre, c’est que le Canada n’est pas (plus?) un pays unifié. C’est peut-être la réalité d’un état postnational que se vantait de diriger Trudeau. Il y a 20 ans, Joe Clark, l’ancien chef conservateur rêvait d’une « communauté de communautés ». On y est. Un pays, c’est d’abord une cohésion nationale, un partage de valeurs, un projet commun, une direction. On en est loin. Et avec ce Bloc qui renaît, c’est le Québec qui lance un puissant appel à la différence. Notez aussi cela : Trudeau a été élu, comme Trump en 2016, avec moins de votes que son principal adversaire. Est-il aussi illégitime?

 

 

III- 2019, c’est l’année de l’écologie, des marches pour le climat et de Greta Thunberg. J’ai noté quelques réflexions sur tout ça…

Je ne marcherai pas, ni aujourd’hui ni plus tard. Je crains cet amalgame douteux : « tu ne marches pas, tu n’es pas conscient, tu ne veux pas combattre les changements climatiques! ». Pour exiger des autres, de ses voisins comme de son gouvernement, il faut soi-même donner l’exemple et être irréprochable, ou presque. C’est pour cette raison que je n’ai pas signé le Pacte de Champagne. Trop facile, trop simple. Un coup de pub! Paraît-il qu’il nous reste douze ans avant le chaos. Les mesurettes ne suffiront plus, il faudra des sacrifices plus grands. Plusieurs des signataires, plusieurs de ces élèves, qui ne marcheraient pas le samedi, j’en suis sûr, auraient bien des difficultés à les accepter.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.