Nous sommes le vendredi 5 mai dans le Vieux Noranda  et se tient, à la galerie de Rock Lamothe, le troisième vernissage depuis son ouverture. La petite salle est bondée, les gens bavardent, contents d’être là, et l’artiste, Brigitte Toutant, resplendit. Pour un artiste, avoir du monde à son vernissage est essentiel : l’acte de création se veut souvent un acte solitaire et sa présentation au monde, une récompense inestimable.

Quelqu’un d’autre est content également : Rock Lamothe, le propriétaire de la galerie. Ce projet de lieu d’exposition , il y pense depuis longtemps, estimant que l’Abitibi-Témiscamingue a besoin d’une galerie comme la sienne.

Il faut comprendre que Rock Lamothe propose beaucoup plus qu’un simple endroit de consignation des œuvres qu’un artiste soumet à une galerie. D’abord, Lamothe choisit les artistes qu’il expose : ayant formé pratiquement tous les artistes de l’Abitibi-Témiscamingue, il possède une expertise unique en région.

Aussi, il ne se limite pas à la simple proposition d’artistes : il veut également travailler au développement des publics en offrant des activités autour des expositions. D’abord, il tient des rencontres informelles avec l’artiste en milieu d’exposition: le public est invité à venir converser avec l’exposant, à échanger avec lui afin de mieux comprendre sa démarche. Ces rencontres ont lieu les mercredis soirs. Ensuite, la galerie ne se limite pas seulement à des interventions entre ses murs : le galeriste publie également de courts textes sur le Web afin d’aborder de grandes questions sur l’art contemporain. Ces textes sont clairs et destinés au grand public.

Rock Lamothe veut également œuvrer à la promotion de la carrière des exposants, montant des dossiers, les présentant à de grandes institutions muséales (au Musée d’art contemporain, par exemple) ou à de grandes collections québécoises. Il veut être un acteur du rayonnement des artistes régionaux.

Finalement, il veut intéresser le milieu des affaires à l’acquisition d’œuvres d’art, marché inexploité en région, mais combien intéressant! Il faut comprendre que les compagnies ont accès à des incitatifs fiscaux à l’achat d’œuvres d’art et comme leur capacité de payer est beaucoup plus importante que celle des particuliers, il s’agit d’une opportunité pour le milieu de l’art d’ici.

« Comme professeur d’université, j’ai travaillé toute ma vie dans ce sens-là, je veux continuer à ma retraite », de préciser Rock Lamothe.

Évidemment, de telles ambitions demandent du temps et de la disponibilité, ce que possède Rock Lamothe depuis qu’il a pris sa retraite au printemps dernier. Durant sa dernière année d’enseignement, il a suivi une formation au Musée d’art contemporain de Montréal sur le collectionnement afin d’être prêt pour lancer sa galerie. L’ouverture officielle a eu lieu le 3 mars dernier avec une exposition de Donald Trépanier. Le 7 avril, la galerie a reçu Virginia Bordeleau. En fait, les vernissages ont lieu le premier vendredi du mois et se succèderont des artistes connus de l’Abitibi-Témiscamingue : Gaétane Godbout, Véronique Doucet, Martine Savard et bien d’autres encore.

Ce qu’il faut souligner, en terminant, c’est l’extrême générosité du galeriste, qui a beaucoup donné durant sa carrière d’enseignant et qui continue de donner: donner du temps, donner de l’argent (car il ne faut pas se le cacher, il s’agit d’un risque financier réel) et, surtout, partager avec le milieu son expertise et ses compétences. Rock Lamothe avait comme mission de promouvoir l’art contemporain en début de carrière : maintenant à sa retraite, il garde sa motivation intacte. C’est une chance pour nous.

Adresse du site Internet de la galerie : http://rocklamothe-artcontemporain.ca/. Ce site est assez complet : outre les textes, on y trouve la programmation de la galerie et du visuel des artistes.

La galerie a également une page Facebook sur laquelle on peut prendre des informations plus ponctuelles.

Adresse physique de la galerie : 1312, 8eRue à Rouyn-Noranda.


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