Situé au nord du parc national d’Aiguebelle, le lac doit son nom à la fille d’un dénommé John Rudolphus Booth, magnat de l’industrie des pâtes et papiers et « baron » du chemin de fer. C’était un important homme d’affaires qui vécut jusqu’à l’âge de 98 ans. 

 

On le surnommait le roi de l’industrie forestière canadienne. Cet homme a édifié au milieu du XIXe siècle un empire forestier à partir de sa scierie d’Ottawa. Ses concessions forestières couvraient alors un immense territoire dans le bassin du lac Kipawa. Lorsqu’il apprit que la concession forestière de John Egan était mise aux enchères, Booth fut résolu à devenir l’unique acquéreur des 250 milles carrés de forêts de pin non exploitées, et ce, à n’importe quel prix. Lors de la vente aux enchères, Booth acheta la concession au prix de 45 000 $, une somme astronomique pour l’époque; plusieurs barons de l’industrie forestière pensaient alors qu’il était fou de payer une telle somme pour acquérir ce territoire forestier. Mais notre homme avait du flair : à peine quelques années plus tard, Booth s’est vu offrir une somme de 1 500 000 $ pour ces mêmes terres.

 

Quelques années plus tard, en 1917, le chemin de fer le Transcontinental et le moulin à scie furent construits près du lac Loïs, permettant ainsi l’ouverture de terres cultivables. Au fil des ans, les colons sont venus s’établir sur les lots à proximité du moulin, profitant des terres déjà ouvertes afin de les défricher et d’y pratiquer l’agriculture. On effectuait la drave du bois sur le lac Loïs jusqu’au moulin à scie. Ce furent les premiers colonisateurs de la ville de Taschereau. Même de nos jours, une partie des fondations du moulin est encore présente à proximité du poste d’accueil de Taschereau.

 

Les plaisanciers et pêcheurs qui sillonnent le lac peuvent apercevoir une croix blanche dans le secteur Est. Effectivement, « la pointe du garde-feu » possède encore des traces d’un ancien campement où cette croix est érigée. Elle avait été construite par deux agents de conservation qui la dédiaient à leur inspecteur de l’époque, un dénommé Simard, qui était un homme très pieux. Cette initiative avait pour but de faire oublier à ce dernier la paresse quelque peu marquée de ces deux employés.

Certains racontent même que c’est un cimetière d’Indiens et que l’on pouvait voir les têtes dépasser des tombes. C’est au pied de la croix que fut enterrée la famille Georges, un couple d’Indiens de la région qui avait élu domicile dans le parc, en bordure du ruisseau Noir. John George vivait dans un petit camp en bois rond sur la pointe du lac en compagnie de sa femme. Cette dernière serait enterrée sur la pointe du ruisseau et lui, un peu plus loin. En 2000, lors du 15e anniversaire du parc, la croix a été reconstruite suivant les mêmes dimensions qu’à l’époque et placée au même endroit.