Lorsque vous passerez par Destor cet été, du 4 au 19 août pour être plus précis, évitez d’abuser de votre klaxon ou de tester la puissance de votre subwoofer récemment installé dans votre Honda Civic; c’est qu’il se tournera un long métrage dans une petite maison au bord de la route 101. Lawrence Côté-Collins, une réalisatrice issue de la couronne montréalaise et une habituée de la région a élu les alentours de Rouyn-Noranda comme lieu de tournage de son premier long métrage qui portera le titre Écartée.

Ce film racontera, en empruntant la forme d’un faux documentaire, le périple d’une vidéaste amateur ayant entrepris de réaliser une vidéo éducative sur la réhabilitation à la suite d’une incarcération. La vidéaste se rendra chez un couple dont l’homme est un ex-détenu et tombera obsessivement amoureuse de la femme. La trame narrative servira, pour utiliser les mots de la réalisatrice, à parler de violence, de dépendance et d’amour lesbien.

Jointe par téléphone pour le bien des lectrices et lecteurs de l’Indice bohémien, Lawrence nous résume son attachement à l’Abitibi : « J’ai simplement besoin de me sentir chez nous pour créer, et je me sens plus chez moi à Rouyn qu’à Montréal. En plus, j’haïs la banlieue ! » On croise souvent Lawrence à Rouyn-Noranda pendant le Festival du DocuMenteur, où elle vient faire des films, en présenter et parfois en juger, et aussi lors des cabarets de création de l’UQAT. En fait, on la croise tellement souvent que certains croient qu’elle habite la capitale du cuivre. « Je suis tombée en amour avec le concept du faux documentaire en venant au festival, j’ai été charmée par l’accueil au DocuMenteur et je m’y suis fait un cercle d’amis. Maintenant, j’ai une chambre à moi à Rouyn chez une amie. » Ce n’est donc presque pas surprenant de la voir se ramener avec sa caméra pour venir créer une fois de plus en sol abitibien. « Mes visites se sont toujours faites dans un contexte de création », avoue-t-elle, confirmant qu’elle est désormais conditionnée à être inspirée une fois passé Louvicourt en direction nord. « Je travaille beaucoup avec mes émotions, mes feelings, et je me sens bien en Abitibi. C’est comme si je bouclais la boucle en tournant là-bas. »

Pour que son film Écartée voie le jour, Lawrence a dû faire appel au financement populaire sur le web avec l’objectif d’amasser 10 000 $, une somme qui servirait essentiellement à la fabrication d’archives vidéo et radio qui seraient diffusées dans la maison des personnages du film. Elle faisait aussi appel à la dextérité et la patience des gens en demandant à quiconque souhaiterait contribuer au film de monter des casse-têtes 3-D, afin de créer un village miniature d’environ cinquante bâtiments. Au moment d’écrire ces lignes, lesdits puzzles occupaient l’entièreté du sous-sol d’Ariane Gélinas, une des fondatrices du Festival du DocuMenteur.

Vous pouvez en savoir davantage sur Écartée et sur l’humble et faisable intention de Lawrence Côté-Collins « d’abolir les frontières entre la réalité et la fiction » en vous rendant sur haricot.ca/project/ecartee.


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