Succès bœuf à chaque année, le Festival du Documenteur a participé depuis 2004 à la propagation de calomnies sympathiques à propos des Témiscabitibiens. Mais aux documentaristes, je pose un constat d’échec! Parce qu’en filmant des menteries, ils n’ont su que cacher le vrai visage de l’Abitibi-Témiscamingue. En scrutant à la loupe certaines tendances qu’ont suivies les films créés dans le volet Concoursdu festival, j’y ai décelé l’indélébile fond de vérité fidèle à tout mensonge.

La fierté d’une communauté

Les cinéastes étant forcés de produire un faux documentaire en trois jours, ils doivent d’abord se nourrir –se gaver! – des lieux. Ensuite, l’impératif : laisser improviser l’habitant devant la caméra. Dans Village Nomade (2006), les Rolletiens chantent en chœur l’autonomie possible de leur patelin et travaillent à réaliser leur rêve: propulser Rollet dans l’espace. On y trouve une belle excuse pour évoquer les beautés de l’endroit et énumérer tous les services offerts dans le village, avec un certain sarcasme puisqu’en réalité, ils sont plutôt limités. Mais comme l’humour de ces films est souvent créé par la tentative de rendre vraisemblable une situation complètement invraisemblable, on est porté à croire que cette fierté récurrente dans les documenteurs cache quelque chose, comme un pied-de-nez à un quotidien pas toujours rose (le taux de chômage parfois élevé, l’exil des jeunes, l’ennui qui siffle les longs hivers durant).

 

Projets rassembleurs?

Mais Village Nomade ne représente pas la norme : habituellement, on retrouve des communautés divisées. C’est le cas dans Summerdome (2009), qui nous amène à Vassan, village transformé à l’image de Dubaï où des investissements massifs ont permis la construction de gratte-ciels ultra modernes et d’un dôme permanent rendant le règne d’un été éternel. Certains Vassanois désapprouvent l’état dans lequel se trouve leur communauté depuis quelques années, alors que d’autres se disent fiers du développement de leur village. Il y a dans ce film, comme dans plusieurs autres, une controverse autour d’un méga-projet, ce qui imite la réalité : il suffit d’évoquer la controverse autour des mines à ciel ouvert, le développement de la Baie-James, l’industrie forestière, et j’en passe.

À la recherche de…

Une autre tendance observée dans les documenteurs depuis 2004 est la recherche d’une personne à l’histoire brumeuse. Mais deux films sont criants d’une vérité fascinante. Smoked Fish (2009) et Orphelin voyageur (2007) mettent en scène un des trois vidéastes dans la quête de ses origines. Les deux hommes débarquent afin de savoir s’ils viennent vraiment de l’Abitibi-Témiscamingue. Si la prémisse semble naïve, ne révèle-t-elle pas qu’un sentiment d’appartenance à notre région s’est répandu parmi les citoyens d’à travers le monde? Tous, d’où qu’ils soient, reçoivent un jour un appel de leur destin leur réaffirmant que la racine mère de l’humanité se trouve ici, à l’est de l’Ontario, au sud du Grand Nord et à l’ouest du reste. Et si des vidéastes viennent de partout pour filmer les mouches noires, c’est qu’ils semblent se souvenir que nous venons tous de la même épinette!


Auteur/trice