Dans son plus récent ouvrage, Why Your Wolrd is About to Get a Whole Lot Smaller : Oil and the End of Globalization, l’ancien économiste en chef de la CIBC, Jeff Rubin, prétend que la mondialisation tire à sa fin pour des raisons économiques et environnementales.

Selon Rubin, notre monde va devenir de plus en plus petit puisque l’économie mondiale ne pourra plus se payer le coût de la globalisation en raison de l’augmentation du prix du baril de pétrole. Celui que les journalistes économiques qualifient de controversé soutient en outre que les Nord-Américains devront rapidement apprendre à vivre comme le font déjà les Européens, c’est-à-dire les uns sur les autres. La planète ne peut plus survivre à l’étalement urbain, qui sévit aux dépends des puits de carbone (terres agricoles et régions forestières) si précieux dans la lutte aux changements climatiques, et l’humain en subira les conséquences. Si l’Abitibi-Témiscamingue ne veut pas être le dindon de la farce et décliner au profit des grands centres, il faut dès aujourd’hui (dès hier, même) prendre notre développement en main.

Comment vivre ici, dans notre belle région prétendument nordique, en ne consommant que régionalement ? Irréel, soit, mais plusieurs petits efforts sont possibles afin de s’approcher de cet idéal. Encourager les producteurs locaux est sans contredit un pas vers une solution. C’est généralement très bon ce qui se fait ici. Si le coût d’un produit de l’Abitibi-Témiscamingue est parfois un peu plus élevé, le coût environnemental quant à lui est moindre, sans compter les nombreuses retombées sociales positives que cela engendre. S’il est certes difficile de ne se nourrir que de produits régionaux, le choix devrait aller de soit quand il est possible de le faire. Avec cette augmentation anticipée des prix, nous devrons revoir notre façon de consommer et de nous nourrir en prenant en compte la distance parcourue par les produits.

À table
Selon Jeff Rubin, « le monde s’en allait vers le global, mais désormais il s’en ira vers le local. » Le temps est donc venu de reprendre possession de nos terres via les gens qui les cultivent, de manger local et de saison, et surtout de permettre à des passionnés d’occuper notre territoire en participant à la vie économique de nos milieux. En ce temps des fêtes, grande période de consommation, pourquoi ne pas visiter le Marché de Noël de Rouyn-Noranda, le 13 décembre au Petit Théâtre du Vieux Noranda, afin d’agrémenter nos tables des Fêtes de saveurs d’ici ? Pensons à offrir des paniers de produits régionaux ou encore à « abonner » un ami/membre de la famille à un panier de légumes chez un maraîcher  soutenu par la communauté. Ne pourrait-on pas s’amuser à repenser le traditionnel repas du réveillon en y ajoutant des produits locaux ? Que ce soit en farcissant la dinde de chapelure de pain du Saint-Honoré, de fromage du Cru du clocher et de tomates de Guyenne, en confectionnant une bûche de Noël avec des confitures de la Fraisonnée et du caramiel de la Mieillerie de la Grande Ourse, ou toutes autres variantes, le but est de célébrer entre nous, entre nous tous. Les limites de l’imaginaire deviennent ainsi le seul frein possible !

Offrir la culture
Pourquoi s’arrêter aux tablées quand le plaisir peut se poursuivre sous le sapin ? Si la période des Fêtes est synonyme de rencontres fraternelles pour certains, elle est aussi souvent associée aux échanges de présents. Acheter des cadeaux fabriqués à 100 % en Abitibi-Témiscamingue est beaucoup plus facile que de ne s’alimenter que de produits du terroir, puisque chaque année en novembre et décembre s’organisent des expositions d’artisans aux cinq coins de la région. On n’y trouve pas le dernier jeu vidéo, une perceuse électrique ou encore une batterie de cuisine, mais on y déniche par contre des merveilles d’idées-cadeaux qui feront le bonheur des petits et des grands et qui rivalisent toutes d’originalité.

Investir dans la culture d’ici, c’est aussi aller chez les artistes et artisans de la région pour se procurer leurs œuvres, acheter des livres, des disques, des toiles, des bijoux, des poteries, des jouets de bois… Pour avoir une culture vivante et en santé, il faut qu’elle soit prise en main et portée par la communauté. Les artistes étant le reflet de ce que nous sommes en tant que société, il est important de contribuer en encourageant. Et puis, une toile sur les murs a une durée de vie plus longue que certains chaudrons, et suscite certainement plus de grandes réflexions que la plupart des outils !

Investir dans la culture d’ici, c’est aussi participer aux manifestations culturelles qui sont offertes sur le territoire. Et tant qu’à offrir des cadeaux, pourquoi ne les offririons-nous pas en temps ? Emmener un être cher voir un spectacle, une pièce de théâtre ou un concert de son choix; lui proposer de passer du temps de qualité tout en se régalant des performances d’artistes talentueux ? Vous me direz peut-être que tout ça est utopiste, que certaines personnes n’ont pas les moyens de s’offrir ce luxe, ce qui est vrai. Pourtant, la culture peut aussi être très abordable! Visiter les diverses salles d’exposition de la région, emprunter un livre à la bibliothèque, assister à une joute d’improvisation, accompagner un enfant à l’heure du conte ou tout simplement prendre le temps de dessiner ou de faire du bricolage, ce n’est pas ce qui va nous ruiner. L’important, c’est les moments que l’on passe avec ceux que nous aimons.

Investir dans la culture d’ici c’est aussi abonner quelqu’un – originaire de la région ou non – à l’Indice bohémien et ainsi peut-être lui donner le goût de venir constater par elle-même le bouillonnent culturel de la région.


Puisqu’il est question de cadeaux, l’équipe de l’Indice bohémien tient à féliciter la vice-présidente de la Coopérative de solidarité du journal culturel de l’Abitibi-Témiscamnigue qui, à la fin novembre, s’est offert le plus beau cadeau qui soit : celui de devenir mère. Félicitations et beaucoup de bonheur à cette nouvelle famille d’Abitibiens !

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