Pour Francyne Plante, les études de maîtrise en psycho-kinésiologie, la vie personnelle, les voyages thématiques et la pratique artistique convergent en une quête compréhensive du monde du vivant. Les origines, les cultures anciennes et les mémoires l’amènent à questionner les héritages génétiques et cellulaires. Alors que la « modernité » laisse croire que les liens avec le passé sont coupés; par une approche sensible, Francyne Plante relativise le temps, à l’effet que ce passé est si près de nous qu’il se transcrit dans notre épiderme. Alors que les formes d’expression que privilégie l’artiste sont la peinture et la sculpture, la ligne et son tracé symbolisent l’omniprésence d’un lien épigénétique.

Sa quête de connectivité, de liaison des fragments, origine d’une profonde pulsion d’enracinement. Pour elle, en plus du bagage génétique acquis à la naissance, la transmission en continu de la mémoire cellulaire contribue à l’émergence de l’individualité et de ses choix et/ou gestes posés quotidiennement. 

Francyne Plante crée des empâtements avec des médiums et des matériaux qui se caractérisent par leur vécu. Comme des strates d’expériences de la vie au quotidien, soudées les unes aux autres, ces couches de matière superposent, nouent, cachent, dévoilent, dissimulent, exposent tout en symbolisant l’interrelation des fragments de mémoires jusqu’à la plus petite particule. 


L’artiste a exposé en France, Paris, Bruxelles, Carrousel du Louvres, Pologne où elle a remporté dernièrement une médaille de bronze pour son œuvre Féminitude.

Elle travaille actuellement sur un corpus de médium mixtes et d’encaustiques et nous dévoile quelques textes qui les accompagnent. 

Je suis jardin habité d‘histoires et de mémoires


J’écarte la neige, je touche les textures de mon jardin intérieur


Douce, rugueuse, froide, à fleur de peau


Routes de vie, stigmates, signatures, empreintes sur épiderme


Omniprésence du lien épigénétique


En connectivité, je caresse les cœurs de mes ancêtres


J’enracine, je tresse nos fragments d’histoire en gerbe de fleurs


Coquelicot, Myosotis, Tulipe, Marguerite, Laurier, Romarin


Oublie l’hiver et se laisse butiner


Je suis particules, fragments de mémoires décomposées en humus fertile


Énergie vivante, orage électrique, nervures soudées les unes aux autres


Je suis jardin habité d’histoires et de mémoires.

Je suis l’entre deux saisons


L’entrelacement, lignes courbes, l’entrelacs


Dédoublée, multicouche de neige et de floraison


Nulle part à la fois, omniprésente, simultanéité.


Armure de fils, étendue ouatée, réseaux neuronaux,


Je suis l’entre deux, absente du calendrier, sans date pour me retenir


Je me perds dans les crevasses présentes, passées et futures


Trop de toutes les saisons à la fois, multiples visages, immensité de blancheur

J’ai quelques souvenances indicibles de lys, de rosiers, de jasmins,


Éclos dans mon jardin, sous cette cagoule blanche, docte silence


Je trace des lignes de communication, je lace, m’enlace aux tiges jaunies, aux minutes figées dans ce drap glacial


J’érige des ponts, construis des portes pour réunir ces morceaux de moi, de vie, les sortir de l’entre


Mon entre est large, trop large, je m’y enfonce.