On a tous, un jour ou l’autre, déjà vu un touriste se comporter de façon exécrable, jetant un déchet sur une plage ou se moquant de façon condescendante d’une pratique culturelle traditionnelle. L’industrie touristique peut parfois créer un fossé entre les visiteurs et les résidents d’une destination, comme c’est le cas actuellement à Barcelone. Mais qu’arriverait-il si l’industrie touristique se concentrait d’abord sur l’idée de tisser des liens et de contribuer au bien-être et à la qualité de vie des résidents?

En faisant un développement touristique qui se concentre sur les citoyens d’abord, sur leur qualité de vie et leurs aspirations plutôt que de se baser sur les désirs des touristes, il peut devenir un véritable levier économique, mais surtout contribuer activement à l’épanouissement du corps social. Dans cette perspective, l’investissement fait par les industries touristiques devrait, tout en augmentant l’attractivité, contribuer au bien-être des populations locales. En retour, celles-ci ne se sentiront pas flouées si les touristes tardent à venir ou si les flux touristiques restent inégaux d’une année à l’autre.

Les hôtels, qui ne sont généralement pas fréquentés par les résidents, peuvent devenir des lieux animés et carrément s’intégrer à l’offre culturelle et de loisir d’une destination. Certains établissements bénéficiant d’une piscine peuvent, par exemple, trouver une façon d’en donner accès aux résidents lors de périodes plus creuses, ou selon des plages horaires ciblées. Certains vont même jusqu’à offrir des cours de natation à la population locale. Certains hôtels comme le El Ganzo, au Mexique, ont développé des résidences artistiques. Équipé d’un studio d’enregistrement et d’une grande terrasse pouvant accueillir des spectacles, le El Ganzo invite des artistes de partout et les loge gratuitement le temps de la création d’une nouvelle œuvre, qui sera ensuite présentée devant public et enregistrée sur place. D’autres endroits font également appel à des artistes de toutes disciplines, les hébergeant aussi quelque temps en échange d’ateliers artistiques, de prestations, de tours guidés des œuvres ornant les murs et les invitant même à créer leurs œuvres en direct, dans un studio ouvert au public.

D’un autre côté, les citoyens ont aussi beaucoup à apporter au tourisme et leur laisser une place importante permet d’éviter la création d’un fossé entre eux et les visiteurs. La ville d’Edmonton en est un exemple des plus inspirants. Avec Make something Edmonton, les citoyens étaient invités à partager leurs idées ou initiatives les plus diverses, que ce soit un BBQ communautaire, une exposition ou même une idée de décoration extérieure. Ainsi, chaque petit projet contribue de façon originale à définir l’identité même de la ville aux yeux des visiteurs. D’autres initiatives, comme Cœurs villageois, dans les Cantons-de-l’Est, invitent les citoyens à participer à l’industrie touristique en posant des gestes d’accueil, soit raconter l’histoire de leur village, faire découvrir un paysage magnifique bien caché ou simplement inviter les visiteurs à certaines activités. Bien sûr, ce sont des gestes que les gens de l’Abitibi-Témiscamingue ont déjà le réflexe de poser, mais imaginez l’impact si on le faisait tous consciemment, en se donnant personnellement l’objectif d’accueillir de cette façon au moins un ou deux visiteurs par année!


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