Instinctivement, tout le monde est capable de dire, par exemple, que de jouer d’un instrument de musique contribue à faire baisser le niveau de stress ou à améliorer la confiance en soi. Mais quels sont, concrètement, les effets de l’art sur le corps humain? Et qu’en est-il de l’observation d’œuvres d’art?

En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiait un rapport sur le rôle de l’art dans l’amélioration de la santé et du bien-être. À partir d’un recoupement de plus de 900 publications sur le sujet, les auteurs relèvent les effets les mieux documentés de l’art sur le cerveau humain.

Ces études ont prouvé scientifiquement que la pratique d’un art fait baisser le taux de cortisol (l’hormone du stress) dans le sang. Dans certains cas, comme lors de l’achèvement d’une œuvre, les chercheurs ont même remarqué la production d’ocytocine, aussi appelée « hormone de l’amour » ou « du bonheur ». Cette hormone, produite normalement lors de relations affectueuses, joue également un rôle important lors de la grossesse et de l’accouchement. Elle est, autrement dit, celle qui crée l’attachement entre deux personnes.

Outre la pratique des arts, le rapport indique clairement les bienfaits liés à la contemplation d’œuvres d’art. Selon plusieurs neurobiologistes, dont Jean-Pierre Changeux, auteur du livre Du vrai, du beau, du bien (éditions Odile Jacob), la contemplation d’une œuvre d’art crée un effet positif sur le cerveau. L’œil perçoit d’abord l’œuvre comme un objet ordinaire, mais lorsque la surface de l’œuvre reflète la lumière, la magie se produit, comme il l’explique : « Il y a la transformation par la rétine des radiations lumineuses en signaux électriques qui se propagent dans notre cerveau, du cortex visuel au cortex préfrontal, déclenchant une inondation de dopamine… l’hormone du plaisir! »

Ce n’est pas étonnant que le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) ait créé, depuis 2017, le comité Art et Santé, dont la mission est de contribuer à la recherche sur les bienfaits de l’art. Ainsi, plus d’une dizaine d’études cliniques se poursuivent au MBAM, notamment des études sur les troubles alimentaires, les maladies mentales, l’Alzheimer, l’autisme et bien d’autres. Depuis 2019, les médecins de Montréal peuvent même prescrire une visite au MBAM à leurs patients.

À Paris, l’association Artz organise des visites de groupes dans les musées pour les personnes moyennement à sévèrement atteintes d’Alzheimer. Puisque la contemplation d’une œuvre sollicite des zones du cerveau liées à la mémoire et à l’attention, ces visites stimulent les patients et leur permettent à la fois de retrouver des souvenirs et de sociabiliser à nouveau. Notons également que les chercheurs ont pu établir des liens entre la pratique des arts et la prévention des troubles neurocognitifs comme l’Alzheimer.

Vous conviendrez donc avec moi que les murales, sculptures et installations d’art public font davantage que d’embellir le paysage urbain. Elles participent à la santé et au bien-être des citoyennes et des citoyens! Nous avons la chance d’en avoir un peu partout sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue. Je vous invite à faire le tour de la région pour découvrir celles que nous avons déjà… et celles qui s’en viennent cet été!


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