La justice climatique exige un changement de cap majeur et la crise actuelle en est l’occasion. Il faut profiter de cette occasion pour investir dans une véritable relance verte, car la vraie dette intergénérationnelle est environnementale et non financière.

Conjuguons environnement avec investissements durables, et assurons la diversification et la stabilisation des économies régionales. Chaque mesure devrait être analysée afin de s’assurer que les investissements pour la relance bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes. Les femmes doivent être partie prenante de ce virage et leurs conditions de travail et leur rémunération doivent refléter leur apport à la collectivité.

L’État doit investir dans la consolidation des services publics, les infrastructures et la petite et moyenne entreprise. En plus des grands programmes d’électrification des transports et d’isolation des bâtiments, les entreprises qui développeront dans le sens de l’intérêt collectif et de la lutte aux changements climatiques devraient être privilégiées en région. On parle notamment :

  • Des entreprises agricoles biologiques, de la culture en serre et de la transformation locale (abattoir, laiterie, boulangerie, petits fruits, etc.).
  • De petites scieries locales et régionales multiessences et de niche pour réduire le transport et permettre des approvisionnements locaux et nous rendre indépendants. Des entreprises de mise en valeur des produits forestiers, notamment les bois d’œuvre et d’ébénisterie, les isolants, les biocarburants (granules de bois), les nouvelles fibres technologiques ainsi que les champignons, les petits fruits, les thés, etc. Tout ça grâce à une foresterie qui optimisera cueillette et mise en valeur de toutes les essences de bois dans le respect d’un aménagement avec aires protégées équilibré et durable.
  • Des entreprises de gestion et de traitement local des matières récupérables et des déchets domestiques et industriels afin de réduire le transport de matières non traitées vers l’extérieur.
  • Des organismes de création, de production et diffusion artistiques puisque la culture est un important vecteur économique, de développement social, de rayonnement et de rétention de la population.
  • Des pôles touristiques pour créer un appel puissant justifiant les longs déplacements vers notre région.
  • Des centres de recherche dans le secteur minier orientés vers l’atténuation des impacts environnementaux (restauration sécuritaire et permanente, extraction écoresponsable, etc.)
OÙ PRENDRE L’ARGENT POUR CETTE RELANCE?

D’abord en révisant la fiscalité des entreprises pour la rendre plus progressive. Puis en cessant de financer les grandes entreprises dont les actionnaires concentrent la richesse hors des régions et camouflent leurs profits dans des paradis fiscaux. À titre d’exemple, la cimenterie McInnis, l’entreprise la plus polluante du Québec, a été subventionnée à 3 750 000 $ par emploi (200 emplois). Ce seul financement dans une relance verte pourrait maintenir, avec des subventions salariales, plus de 9 000 emplois en région pendant 20 ans. Soulignons aussi que GNL-Gazoduq produirait 47 Mt/année de gaz à effet de serre et gaspillerait les 2/3 de l’électricité produite par le barrage de La Romaine et nous coûterait plus de 2 G$ en 25 années d’exploitation. Utilisons plutôt notre énergie propre et nos subventions pour une vraie relance verte.

Soyons audacieux! Plutôt que de permettre une longue cicatrice de 780 km, d’ouest en est, pour le passage d’énergies fossiles au profit d’intérêts étrangers, offrons-nous en une nord-sud, de moins de 550 km, pour une voie ferrée électrifiée au profit des générations futures.


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