L’Abitibi-Témiscamingue est vaste et propice aux loisirs de toutes sortes, en toute quiétude. Mais l’abandon de déchets, l’émission de polluants et la destruction de milieux naturels se font aussi parfois en toute quiétude. Le territoire est tellement vaste qu’il est difficile de le surveiller. Il s’agit d’un enjeu pour plusieurs organisations et ministères de la région.

L’acquisition de connaissances sur le territoire est essentielle pour suivre et découvrir les problématiques. Elle aide aussi à déterminer les meilleurs moyens de protéger et restaurer l’environnement. Face aux défis (temps, coûts, déplacements importants), certaines organisations se tournent vers des technologies innovantes, capables de collecter des données de façon plus rapide et simple.

À l’ère de l’évolution rapide des techniques d’analyse, l’offre n’a jamais été aussi diversifiée. Nous pouvons donc, mieux que jamais, tenter de comprendre notre environnement. L’utilisation de drones est un bon exemple. Elle permet la prise de photos aériennes géoréférencées et la réalisation de modèles en 3D des sites à l’étude. Cette technologie facilite par exemple le suivi de l’état des bandes riveraines et de la propagation d’espèces envahissantes. Des caméras thermiques peuvent même y être installées pour détecter des sources d’eau sous-marine!

En contexte aquatique, la collecte de données vise souvent à déterminer l’occurrence de certaines espèces. Il est maintenant possible d’utiliser l’ADN environnemental pour réaliser un suivi rapide des espèces aquatiques à partir d’un simple échantillon d’eau. En remplaçant les captures traditionnelles au filet, l’échantillon d’eau permet de récupérer le matériel génétique laissé dans l’environnement par les espèces (fragments de peaux, de cellules, d’écailles) qu’il est ensuite possible de détecter en laboratoire. L’espèce qui a produit ces traces peut alors être identifiée par des techniques moléculaires. « Si ce matériel génétique est dégradé après quelques jours, sa présence signifie que l’espèce d’où provient ce matériel génétique se trouvait sur les lieux le jour même ou dans la semaine précédant l’échantillonnage », explique Louis Bernatchez, professeur au Département de biologie de l’Université Laval. Encore peu utilisée, cette technologie a déjà permis de confirmer l’arrivée du Cladocère épineux (crustacé envahissant) au lac Témiscamingue en 2019.

Malgré le développement des meilleures innovations, les professionnels ne pourront jamais être partout en même temps. C’est pourquoi l’implication des citoyens dans l’acquisition de connaissances peut faire la différence. Avec le développement d’outils collaboratifs, il devient de plus en plus facile pour les particuliers de transmettre leurs observations. Dans la région, la présence de déchets sauvage, d’espèces particulières et d’espèces envahissantes font déjà l’objet de plateformes de recensement collaboratif (CREAT08.ca, iNaturalist.org, Sentinelle du MELCC). Alors, envie d’y participer?