Le caribou forestier en Abitibi-Témiscamingue se concentre en deux groupes : la harde de Détour-Kesagami et le troupeau de Val-d’Or. Beaucoup de travail a été fait pour préserver les deux troupeaux. Pour Détour-Kesagami, des ajustements ont eu lieu entre les différents intervenants depuis 2013 et pour le troupeau de Val-d’Or, un enclos a été installé en mars 2020. L’épineux problème à résoudre sera celui de la fermeture des chemins forestiers, maintenant appelés chemins multiressources.

LA HARDE DÉTOUR-KESAGAMI : L’ÉQUIPE CARIBOU

Pour la harde Détour-Kesagami, une « équipe caribou », comprenant la compagnie forestière Matériaux innovants Rayonnier (RYAN), le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), la communauté de Pikogan et la Société pour la nature et les parcs (SNAP), a été mise sur pied en 2013. La harde chevauche la frontière entre le Québec et l’Ontario, mais seulement 5 % des bêtes se trouvent au Québec. On situe entre 300 et 500 le nombre de caribous dans la harde.

Pour bien traiter les caribous, il faut bien traiter l’habitat. Le caribou fréquente un grand territoire et il n’est pas toujours possible de laisser ce territoire libre de toute présence et exploitation. L’équipe caribou a réussi à amener à 39 % les perturbations de l’habitat dans l’aire occupée par le caribou et à faire des zones protégées qui sont des zones de protection où aucune activité de récolte n’est faite dans les aires de reproduction et de migration du caribou. De plus, les foragesde l’industrie minière ne se font pas pendant la mise bas.

Il faudrait diminuer le nombre de chemins multiressources qui deviennent une autoroute pour les loups l’hiver. Marie-Ève Sigouin, ingénieure forestière chez RYAN, explique qu’il s’agit d’un sujet très controversé pour les utilisateurs et sur le plan politique. On veut également développer le côté des connaissances autochtones et promouvoir les aires protégées.

LA HARDE DÉTOUR-KESAGAMI : LA PART AUTOCHTONE

Pascale Trudeau-Canasso, abitibiwinni, est gardienne du territoire. Elle habite à Pikogan. Elle raconte que les autochtones s’assurent que leurs droits soient respectés dans le projet. Ils ont consulté les personnes aînées qui les ont informés de l’endroit où ils ont vu des caribous, du moment et des mises bas. Ainsi, dit-elle, en sachant où sont les caribous, on peut leur placer des colliers. Les caribous sont rares, ajoute-t-elle, et le projet a ralenti à cause de la COVID. Elle espère que, à l’avenir, il y ait plus d’aires protégées pour qu’il y ait plus de mises bas.

LE TROUPEAU DE VAL-D’OR

Il ne reste que six individus dans le troupeau valdorien, mentionne Andréanne Lord, spécialiste en environnement pour la nation anishnabe du Lac-Simon. En juillet 2020, un individu est décédé d’une cause inconnue. Les six autres bêtes vivent dans un enclos de 1,8 hectare, ce qui est beaucoup trop petit, selon Andréanne Lord. En enclos, les caribous sont nourris avec du lichen et de la moulée et sont suivis par un vétérinaire qui s’assure de leur santé. Un gardien est également sur place 24/7. Elle espère que les dirigeants déploieront autant d’efforts pour restaurer le territoire, qui est perturbé à 78 %.

Pour ce qui est de l’avenir, elle est en attente de la Stratégie sur le caribou forestier et montagnard qui doit paraître en 2021. Pour Ronald Brazeau, anishnabe, directeur du Département des ressources naturelles du Lac-Simon, le caribou représente un animal qui leur a permis de vivre, de passer l’hiver. Il est normal qu’aujourd’hui ils le protègent.

ACTION BORÉALE

Pour Henri Jacob, écologiste militant et président de l’Action boréale, le troupeau de Val-d’Or, qui est passé de 50 bêtes en 1984 à six bêtes en 2021, est une grande perte, entre autres puisqu’il s’agit du troupeau le plus au sud du Québec. Quant au troupeau de Détour-Kesagami, une partie de la solution résiderait dans la signature d’un décret par le MFFP.