Ce 21ecentisime pourrait paraître bien petit, bien ordinaire si l’on s’en tenait aux crises des 20 dernières annéesle 11 septembre 2001, l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, la crise économique des « subprimes », la montée de l’extrême droite, le Trumpisme, la numérisation des individus et pour finir, le bouquet, la COVID-19! Je suis positif, le petit 21e peut se refaire. Il en a le temps. Mais quel est le remède, la panacée, le maître-mot qui nous permettra de nous remettre de cette dernière menace virale? La réinvention, pardi!

 

Attention ici : se réinventer vraiment commande de faire plus que de temporiser et de reproduire un peu différemment nos façons de faire antécovidienne. Se peut-il d’ailleurs que, comme certains le croient, nous reprenions le fil de nos activités exactement comme nous l’avons laissé le 13 mars 2020? Sans rien changer, ou si peu? Sans comprendre que toutes ces crises sont intimement liées les unes aux autres. Ça serait un peu comme s’installer un bidet au lieu d’acheter du papier de toilette en caisse. Ça tient du même enjeu, de la même angoisse collée sur les besoins primaires. Pendant ce temps, personne n’aurait remarqué que le feu est pris à la maison!

 

En cherchant sur le Web une perspective encourageante et holistique sur la nouvelle normalité en devenir, je me suis accroché sur une entrevue passionnante du Jerusalem Post avec David Passig, futurologue et auteur (The Future Code et 2048)Je vous l’avoue, si je n’étais pas de nature optimiste, je ne saurais me rassurer d’aucun des trois scénarios de sortie de crise de ce résident du Futuristan. 

 

Son scénario1, le plus léger : Misant sur la faculté qu’a l’humain à oublier rapidement les incidents de la vie courante, il estime possible que nous puissions reprendre sans coup férir, le cours préalable de nos activités si la pandémie se résorbe dans quelques mois. Toutefois si vous avez perdu un être cher aux mains du virus ou souffert vous-même de cette disease, comme dirait Daniel Boucher, vous en garderez un souvenir, pénible en plus. Ce n’est pas votre cas? J’en suis sincèrement content. 

 

Suivant les hypothèses un et deux [RLb1]le seul témoignage de notre réinvention que les archéologues trouveront se limitera à un tesson de la porcelaine d’un bidet. Nulle place n’est faite à la réinvention.  

 

Attention au prochain niveau : c’est le plus dystopique avec plus de 100 millions de morts et au moins 10 ans pour s’en remettre. Une super grippe espagnole, en somme. Sur ce 3e scénario, le plus wild card, David Passig mentionne que les gens se concentreraient sur deux priorités individuelles : nourriture et médicaments. Remarquez ici, il ne risque pas gros avec cette prédiction parce que bon nombre dÉtats-Uniens en sont déjà là avec la fin du Obamacare.  

 

Il ajoute sur une note encourageante, bien que tristement tardive : les humains feraient de nouvelles découvertes au chapitre des sciences de la vie à l’issue de ce cataclysme. « Peut-être un peu au détriment du développement numérique et technologique », d’ajouter en substance notre spécialiste de l’avenir. Il précise aussi que l’organisation sociale serait beaucoup plus axée sur la communauté de proximité. Mais pourquoi diable, serions-nous pris à attendre le scénario du pire (auquel je ne crois pas) pour cette réinvention collective? S’inventer ici serait mettre un peu d’équilibre entre l’individualité assumée, une société territoriale résiliente et un développement technologique responsable. 

 

S’inventer ici, serait avoir recours à l’hybridité en cumulant les meilleures possibilités qu’offrent à des territoires tels les nôtres, le recours à la technologie, à la sociologie et aux sciences de la vie. 

 

L’an prochain, à pareille date, pourra-t-on voir les réussites de nos inventeurs socio-techno-biologiques dans les pages de L’Indice bohémien? Et comme dirait le nouvel innovateur en chef du gouvernement, une boussole dans une main et la hache dans l’autre: L’avenir c’est par en avant! 😉 

 

*Les tintinologues avertis me permettront cet emprunt qui fait référence au nom du journal belge Le petit 20e dans lequel sont apparues les premières aventures de Tintin. 


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