Le Centre d’exposition de Val-d’Or propose une incursion à travers le corps humain, la médecine et l’imagerie médicale dans le cadre de l’exposition L’Art face au corps, présentée du 15 février au 14 avril.

Cette exposition regroupe les œuvres de cinq artistes, qui abordent la corporalité d’une manière parfois personnelle, parfois philosophique. Alors que la science occidentale moderne considère la médecine comme objective, vraie et immuable, cette définition est remise en question ici, ramenée à la souplesse et la subjectivité du geste artistique.

Sous le commissariat de la chorégraphe Audrée Juteau, les artistes Etienne Saint-Amant, Montserrat Duran Muntadas, Claude-Olivier Guay, Katia Martel et Marc Boutin abordent le corps, le retournent, le dissèquent, suggérant des réflexions sur son esthétisation, sa transformation et sa capacité à s’interroger sur les normes sociales. Carmelle Adam, directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or, explique que ce concept est inspiré des démarches respectives des artistes : « Nous avons été interpellés en voyant plusieurs artistes ayant une approche par rapport à la médecine ou au corps. Comme une exposition par année est dédiée à l’art et la science, on a vu la possibilité de faire une exposition collective. »

LE CORPS EN TRANSFORMATION

Un alliage entre le verre et différentes matières organiques permet à Montserrat Duran Muntadas d’aborder sa propre condition médicale tout en fragilité, de manière à en faire émerger la beauté. Un diagnostic médical agit aussi comme fondement pour l’artiste Katia Martel, alors qu’une anomalie cellulaire indésirable se métamorphose en objet d’apparat, par sa représentation sous forme de bijou. Cette transition d’objet non souhaité à parure désirée est documentée et illustrée par les photographies de Marc Boutin. Pour Etienne Saint-Amant, l’imagerie médicale est détournée de sa fonction diagnostique et devient autoportrait de l’artiste. Le changement et la transformation sont aussi au cœur de la démarche de Claude-Olivier Guay : corps humain et corps animal cohabitent et assistent à leur évolution.

« Ce qui retient l’intérêt dans toutes les œuvres, c’est la question de la transformation, ajoute Carmelle Adam. Le fait que le corps se transforme, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas. C’est ce pouvoir de transformation qui est présent dans l’interprétation comme dans la médecine. » C’est d’ailleurs ce que suggère la performance d’Audrée Juteau, présentée lors du vernissage le 15 février dernier. La chorégraphe y abordait la notion d’accident à travers le mouvement et son interruption. « Voilà qui n’est pas étranger à la trajectoire du corps humain, ajoute Mme Adam. On vit notre vie et tout d’un coup, un accident nous amène à modifier notre trajectoire ».

La performance d’Audrée Juteau a été filmée; les visiteurs pourront profiter de sa projection pour toute la durée de l’exposition.


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