Forte d’un travail comme archéologue en Abitibi-Témiscamingue et d’un doctorat en anthropologie (aspect physique et culturel de l’être humain), Leila Inksetter, qui a vécu une grande partie de sa vie en Abitibi-Témiscamingue, s’est abreuvée à de multiples sources objectives, témoignages écrits, oraux et archéologiques, pour atteindre une compréhension plus globale du passé des Algonquins. Son livre : Initiatives et adaptations algonquines au XIXe siècle est en librairie depuis le 24 octobre.

Le mythe : le changement culturel autochtone est souvent perçu comme leur ayant été défavorable et produit sous l’effet de la contrainte. La découverte : tout ne s’est pas déroulé sans heurts, mais l’évolution des us et coutumes des Algonquins durant le 19e siècle les a conduits à des solutions nouvelles pour d’anciens problèmes importants (démographie, sociétaux, santé et autres).

Le livre

L’arrivée des missionnaires catholiques, le développement de la foresterie, la colonisation, le chemin de fer et l’intervention de l’État sur les Algonquins ont transformé leur mode de vie. L’auteure démontre comment cette nation a intégré positivement des institutions qui lui étaient étrangères au départ. Un nouveau regard. Une mine d’informations sur l’évolution de leurs habitus, sur leurs territoires ancestraux et sur les Européens qu’ils côtoyaient dans les postes de traite.

Une étude rigoureuse, un livre éclairant sur une civilisation en marche. Une recherche, qui, retournant la face des idées reçues de la médaille, a pu mettre en évidence des éléments positifs de la rencontre des deux civilisations.

Quelques exemples

Les Algonquins ont utilisé le catholicisme et le mode de scrutin prévu à la Loi sur les Indiens pour se prémunir contre le pouvoir démesuré de certains chefs et/ou des têtes dirigeantes. C’est aussi durant ce 19e siècle, grâce aux emplois offerts par les postes de traites aux Autochtones dans le transport des marchandises et à la tenue estivale des missions catholiques, qu’a émergé une plus grande place pour la bande comme entité sociale et les rassemblements estivaux.

De chasseurs nomades d’une grande mobilité, avec ses avantages et inconvénients, sujets à des famines épisodiques, les Algonquins des Lacs Abitibi et Témiscamingue sont passés à une certaine permanence d’établissement, avec plus de soutien aux malades et aux personnes âgées. « Ils ont accueilli les facteurs de changement de façon dynamique, et dans certain cas, en en reprenant eux-mêmes les transformations sociales pour des raisons qui leur sont propres. »

 

Une rencontre marquante

Nouveau Monde et vie libre rencontrent vieux continent et Monde dit civilisé. Premiers arrivés en Amérique du Nord, les Autochtones, population très dispersée avec faible taux d’accroissement, avaient développé un mode de vie adapté aux particularités du continent. Leur vie fut bouleversée par l’arrivée des Européens qui cherchèrent à les coloniser. Des rapprochements qui furent source de nombreux conflits. Chercher le coupable est destructif, car le passé devient plus important que l’avenir. Mais l’étude approfondie des interactions peut révéler des opportunités d’amélioration d’un avenir qui prend le pas sur le passé. Voilà ce à quoi nous convoque le livre de Leila Inksetter. À lire et relire, une bible du passé, espoir d’un avenir meilleur.

-30-

NOTE POUR STAIF. SVP insérer Image du livre avec Bas de vignette suivant : Leila Inksetter, Initiatives et adaptations algonquines au XIXe siècle, Éditions du Septentrion, 2017, 520 pages.


Auteur/trice

Ingénieur forestier pour Domtar Woodlands, la Société d’État REXFOR et puis à son compte, Gaston a pris sa retraite en 2006. De retour sur les terres de sa jeunesse et fort d’un baccalauréat en Études littéraires, il se consacre à l’écriture tout en collaborant avec L’Indice bohémien depuis 2016 à la rédaction de textes et à la distribution du journal.