Après sept ans d’absence, une formation à l’Université de Montréal et une maîtrise à McGill en trompette, Émilie Fortin a pris rendez-vous avec le public sur la scène du Conservatoire de Val-d’Or. La jeune femme de 28 ans a étudié dans cette enceinte, mais n’avait encore jamais joué dans la salle de spectacle de son alma mater.

Née à Val-d’Or, Émilie Fortin a découvert la trompette à l’âge de 12 ans, par le hasard d’un programme scolaire.

« Je ne viens vraiment pas d’une famille de musiciens. Avant le secondaire, il y a eu une sorte de réunion et quand je suis entrée dans la classe de musique, j’ai eu comme une illumination! »

En participant à l’harmonie de l’école Le Transit, Émilie Fortin s’est découvert bien plus qu’un instrument ou une nouvelle passion.

« Je suis enfant unique et j’avais toujours été solitaire… L’harmonie m’a apporté une vie de groupe et le sentiment d’être utile à un groupe. »

En troisième secondaire, Émilie a fait son entrée au Conservatoire à Val-d’Or et elle y est restée pendant 7 ans.

« Pour mes parents, tant que je faisais quelque chose que j’aimais, ils étaient contents… Je ne sais pas s’ils étaient aussi contents d’entendre de la trompette tous les jours par contre », dit-elle dans un éclat de rire.

Des notes jouées et enseignées

Pour son premier concert dans la région depuis la fin de ses études l’an dernier, Émilie Fortin a opté pour une formule duo trompette et piano, avec Olivier Dowd-Boucher qu’elle a rencontré en 2014 lors d’un stage de musique dans Charlevoix.

« Olivier accompagnait les trompettistes. Nous avons une dizaine de pièces piano-trompette. Nous avons un concert en poche, ça vaudrait la peine de faire une tournée. D’ailleurs, nous allons le rejouer à Montréal. Un des plaisirs en musique, c’est jouer plus d’une fois les pièces qu’on travaille. Si les gens apprécient le concept, une tournée en Abitibi-Témiscamingue serait tout à fait possible », lance-t-elle.

Entre temps, Émilie Fortin caresse de nombreux projets et enseigne aussi à Montréal dans des écoles secondaires et à la pige. À l’été 2017, elle s’est rendue en Haïti, dans un orphelinat.

« Enseigner la musique à des enfants qui n’ont pas vu leurs parents depuis des années… c’est tout un défi. Je suis très organisée, mais j’ai dû adapter mon canevas, apprendre d’autres façons d’enseigner. Après être revenue d’Haïti, j’ai eu l’impression de pouvoir enseigner dans n’importe quel contexte. »

Elle explique que le dépaysement a changé quelque chose chez elle et qu’elle a appris une grande leçon.

« L’humilité… c’est toujours nous qui nous adaptons à l’élève. Il faut convenir que notre façon de faire ne convient pas. Il faut beaucoup de recul face à soi-même. Je ne suis pas obligée de faire ça, mais si je ne saisis pas l’opportunité de me mettre en danger, de me sortir de ma zone de confort… J’estime que c’est ce qu’il faut pour être prête à tout et avoir plus de pièces dans mon coffre d’outils. »

Pour la suite, Émilie Fortin compte bien poursuivre son perfectionnement et la maîtrise musicale de différents styles.

« Mon plus grand rêve serait d’être polyvalente dans tous les genres musiques. Avec mon ami pianiste, c’est un récital. J’aime beaucoup aussi jouer en orchestre et je suis très intéressée par la musique contemporaine, mais je veux également essayer le baroque. Tout en continuant l’enseignement! »

Émilie Fortin ajoute ainsi plus d’une corde à son arc, mais puisque la trompette est un instrument à vent, disons qu’elle a tout en main pour hisser toutes grandes les voiles!


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.