En cette période où tout le monde court les boutiques et les sites en ligne pour leurs multiples achats des fêtes, L’Indice bohémien souhaite offrir aux lecteurs-consommateurs un petit espace de réflexion – et d’inspiration – pour mieux consommer. Acheter bio, acheter local, acheter artisanal, made in Québec. Penser durable. Pour ce faire, nous avons demandé à Mathieu Gnocchini, le concepteur de Noc design, de signer cet éditorial saisonnier consacré aux métiers d’arts et à l’achat local.

 

La qualité, c’est payant pour tout le monde

 

//Mathieu Gnocchini, artisan et papa

Acheter un objet est un privilège que l’être humain s’est donné au fil des milliers d’années de son évolution.

Du troc à pay pass, en passant par la pièce d’or, le billet, le chèque et la fameuse carte de crédit : le but ultime est de combler par l’objet un besoin, qu’il soit vital ou divertissant.

La notion de qualité s’avérait intégrée dans la relation entre deux individus : le vendeur et l’acheteur. C’était une question de réputation. On faisait confiance, on faisait des affaires dans le village et la réputation était plus importante que la grosseur du compte de banque. Ça rendait fier d’offrir de la qualité !

Puis, il y a eu l’industrialisation des méthodes de production qui, combinée aux techniques de vente marketing, nous ont fait croire que notre privilège d’acheter n’en était pas un. Que cet acte d’échanger de son temps (votre salaire) via l’argent pour des objets était un droit acquis sans responsabilité de votre part et sans responsabilité de la part du vendeur. La notion de réputation s’est évaporée. Les relations interpersonnelles et l’émotion de fierté aussi. Les dépotoirs écopent et s’agrandissent !

Par la suite s’est amenée la mondialisation du commerce avec ses centaines de millions de consommateurs partout sur la planète Terre (l’habitat des humains). Puis, la délocalisation des unités de production vers des pays avec des emplois moins coûteux, des normes environnementales absentes. Le mot d’ordre est de produire en masse. Les grandes surfaces sans âme, sans fierté, pour qui la qualité n’est pas un critère d’achat, distribuent au prix le moins cher : « Économisez de l’argent, vivez mieux. » Vraiment ? Vivez mieux demain, dans une semaine, dans dix ans, dans 40 ans ?

Le mot d’ordre est : profit à court terme. On ramasse le plus d’argent possible, on en redonne le strict minimum et on repart à un autre endroit pour recommencer le cycle, la recette. Ce qui est important, c’est le prix.

Aujourd’hui, les nouvelles générations (les milléniums) reviennent en force à la base de nos échanges commerciaux. Des échanges de qualité où :

–       L’acte d’acheter comporte une responsabilité envers notre fragile habitat. Il fournit les matières premières limitées pour confectionner nos objets, et où nous disposons trop souvent des objets non recyclables, des objets sans qualité qui contamineront les sols pour des siècles et des siècles. Ils pensent qualité de l’environnement.

 

–       L’acte de consommer constitue également un encouragement envers les entreprises locales impliquées dans leur communauté afin de la rendre prospère, créative et où il fait bon d’élever ses enfants. Ils pensent qualité de la vie communautaire et économique.

–       L’acte d’échanger via l’argent de son salaire pour un objet est un privilège qui s’accompagne d’une responsabilité de s’informer de la durabilité des matières utilisées lors de la fabrication et de vérifier l’exécution du savoir-faire. C’est exigeant mais, avec les informations disponibles sur Internet, c’est de plus en plus facile. Ils pensent qualité du design.

 

–       L’acte d’acheter de la qualité, c’est aussi le développement d’une relation de confiance entre deux individus : le vendeur et l’acheteur. Où le service après-vente n’est pas un répondeur ni un centre d’appel outre-mer mais, plutôt, des gens disponibles à écouter et prêts à faire mieux. Ils pensent qualité de la réputation et fierté !

Investissez dans la qualité. Achetez proche. Achetez moins. Achetez mieux.


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