Connaissez-vous les mèmes internet ? Oui, vous avez bien lu « les mèmes », avec un accent grave sur le premier « e ». En fait, vous les connaissez presque assurément, puisqu’ils tapissent votre fil Facebook, votre fil Twitter, vos recherches sur Google Images, et j’en passe. 

Avant d’aborder les mèmes internet, il faut savoir que les mèmes existaient avant l’arrivée du Web dans nos vies. Par définition, un mème se veut un élément culturel ou un système comportemental qui se transmet d’un individu à un autre par le biais de l’imitation ou de tout autre moyen non génétique (traduction libre de la définition retrouvée dans le dictionnaire Oxford). En somme, un mème est un élément culturel qui, en se transmettant, assure la pérennité des éléments constitutifs d’une culture donnée : idées reçues, valeurs communes, croyances populaires, etc. 

Dans le merveilleux monde en ligne, les mèmes internet sont une sous-catégorie de mème : ils contribuent à disséminer des comportements et des informations, tout en mettant à profit la spécificité de la culture internet, qui se fonde souvent sur l’humour. Par exemple, vers le milieu des années 2000, le phénomène du « rickrolling » a connu un succès retentissant. Il s’agissait d’une plaisanterie où un site (ou un blogue, ou une publication socionumérique) déguisait un hyperlien : l’usager croyait accéder à un contenu donné, mais se trouvait en fait redirigé vers le clip YouTube de la chanson Never Gonna Give You Up de Rick Astley. On disait de la personne ainsi trompée

qu’elle s’était fait « rickroller ». Il subsiste d’ailleurs quelques-uns de ces liens encore aujourd’hui; je me suis moi-même fait rickroller récemment. Le rickrolling est un exemple très connu de mème internet. 

Mais quand on parle de mème internet, on pense fréquemment aussi à ce qu’on appelle des « macros visuelles », c’est-à-dire ces images tirées hors de leur contexte original et auxquelles on appose un texte visant généralement à susciter une réaction, qu’elle soit humoristique ou philosophique. Ce type de mème est particulièrement présent sur les médias socionumériques par les temps qui courent. Par exemple, certains photogrammes de films connus sont ainsi décorés de toutes sortes de déclarations les décontextualisant afin de générer un effet humoristique. Cet effet d’humour se décuple d’ailleurs par le biais de la multiplication des mèmes fondés sur le même photogramme cinématographique. Le mème participe donc fort probablement aux moments de détente que vous vous permettez sur les médias socionumériques. 
Par contre, les mèmes peuvent viser autre chose que de nous faire rire. Ils peuvent même constituer un piège dont il faut se méfier : si la culture internet au sein de laquelle les mèmes sont apparus vise avant tout à faire rire, certains mèmes visuels tendent à susciter les généralisations les plus crasses. On voit apparaître ici le pouvoir de l’imaginaire, c’est-à-dire le pouvoir que les images ont sur nous et sur notre conception du monde qui nous entoure. Dans la foulée des récents attentats en Europe, par exemple, on a malheureusement pu voir apparaître une quantité de mèmes perpétuant des généralités au sujet de l’Islam, un peu comme le printemps 2012 a permis la circulation de mèmes au sujet de certains leaders étudiants. Dans toutes ces instances, une image donnée est tirée hors de son contexte pour être recontextualisée par le texte qui y est 

apposé. Ce que je remarque sur mon fil Facebook, par exemple, c’est que plusieurs partagent ces images décontextualisées
comme s’il s’agissait de vérités implacables. Il importe donc de prendre les mèmes avec un grain de sel, ou à tout le moins

avec une bonne dose d’esprit critique. \


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