Le mois dernier, l’improvisation régionale voyait son histoire marquée à jamais alors que la Ligue d’improvisation amossoise annonçait un changement de salle, une première en plus de 10 ans d’existence. Il s’agissait de la toute dernière ligue de la région à se produire au même endroit depuis sa naissance. La Ligue d’improvisation “Bigre!” pour adulte du Billard l’Adhoc (LALIBABA) va dorénavant se donner en spectacle à la P’tite Bouteille.

J’ai fait mes débuts à l’impro à l’Adhoc. J’en garde d’excellents souvenirs, puis de moins bons. Je me rappelle y avoir gagné mes premières étoiles; y avoir vécu les débuts de mon couple; m’y être battu pour une des rares fois de ma vie (contre mon gré). Je me souviens des clients réguliers qui parlaient trop fort au bar et de la façon dont Bruno Turcotte alias Brumanchu les mouchait, Speedo jaune bien en vue.

Environ 4 ans plus tard, je me souviens avoir joint les rangs du conseil d’administration de la Soirée de l’improvisation de Rouyn-Noranda (SIR-N) pour y orchestrer le plus gros changement de sa propre histoire : le déménagement du Petit Théâtre du Vieux Noranda (PTVN) vers la Scène Évolu-son au centre-ville. Alors qu’à Val-d’Or, les déménagements étaient monnaie courante, à Rouyn-Noranda, les gens s’expliquaient mal un tel choix.

Récemment, la SIR-N a choisi de passer au Paramount. Puis, la SLI a aussi dû bouger à la suite de la fermeture annoncée de La Maîtresse à La Sarre ce printemps… Cet automne, c’était LALIBABA…

Malheureusement, certains fans vont sortir amers d’une telle situation. Difficile de ne pas s’en attrister et c’est normal. Personnellement, je ne suis pas chaud à l’idée qu’on touche à ma routine! J’ai, moi aussi, développé une forme de nostalgie à l’égard des salles. Elle est décuplée par le nombre de chapeaux que je porte: celui du spectateur, de l’improvisateur et de l’organisateur.

Cela dit, au fil du temps, je me suis rendu à l’évidence que :

  • La Scène Évolu-son a l’air remplie avec aussi peu que 50 personnes;
  • La P’tite Bouteille au-dessus de 90 personnes, ça commence à être pas mal serré;
  • L’atrium de l’UQAT à Val-d’Or est tellement vaste (de mon souvenir) que la sonorisation y est difficile;
  • La grande salle du Petit Théâtre à moins de 70 personnes paraît sans ambiance, tant pour le joueur que le spectateur… L’utilisation du sous-sol par les Volubiles est un choix judicieux, notamment à cause du concept;
  • Et j’en passe…!

Pour un joueur, rien ne vaut la proximité pour obtenir la rétroaction du public. Pour le spectateur, c’est l’ambiance qui compte avant tout. Pour l’organisateur, c’est la technique, la capacité, le coût de la salle, le contact avec son promoteur, mais il s’agit surtout de trouver le moyen de faire plaisir à tout le monde et de trouver LA place qui colle au concept de ta soirée. J’ajouterais qu’il vaut nettement mieux une modeste salle pleine, qu’une magnifique salle vide.

Récemment, un habitué des tournois de la province me disait à quel point nous avions des salles parfaites. J’ai été surpris par sa réponse… Je vous laisse deviner de quelles salles il parlait!

Quoi qu’il en soit, par empathie envers ces personnes qui font vivre l’art de l’improvisation, je vous encourage à être sensible à ces détails. Faites confiance à la bonne foi des gens qui dirigent bénévolement et font face aux enjeux communs à toutes les ligues d’impro. \


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