Même si la Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or rapporte une première exposition en 1950, c’est dans les cuisines que se firent les balbutiements de la peinture à Val-d’Or au début de ces années-là, pour clore la décennie avec la fondation du Val d’Or – Bourlamaque Art Club.

Dans son livre L’Abitibi minière, La Société d’histoire et de généalogie rapporte qu’Aileen

Plaskett et Alleyne Coombes exposèrent, dans la salle à manger de l’hôtel Bourlamaque en novembre 1950, une collection de toiles et de gravures inspirées de scènes minières caractéristiques de la région abitibienne, qui eurent l’effet d’une révélation.

C’est par l’éducation  que notre témoin, Mme Marcelle Sweet, aujourd’hui âgée de 83 ans, se remémore avoir apporté sa contribution  aux arts : « Je suis arrivée dans la région en 1952 et j’ai commencé à enseigner en 1954. Je n’acceptais pas que dans les écoles, il ne se donne pas de cours de dessin. Par exemple, j’ai fait dessiner par les élèves des animaux que nous avons exposés dans une grange où il y a eu par la suite des sets carrés. Les parents furent très surpris… J’avais beaucoup de respect du milieu », confie l’ex-enseignante.

Elle mentionne aussi que, parallèlement, « des activités de peinture se tenaient dans des cuisines, surtout celle de Mary Thompson ». C’était le prélude pour la création du Val d’Or – Bourlamaque Art Club dont elle fut l’une des fondatrices en 1959. « Avec le club, on suivait des cours, on engageait des professeurs qui venaient de Toronto, d’Ottawa et de Cobalt. Le groupe est devenu très populaire chez les intellectuels », dit-elle. À mesure que le groupe devint plus structuré et plus nombreux, des dames francophones s’ajoutant aux dames anglophones du début, Mme Sweet servit d’intermédiaire entre la Commission scolaire et le Club pour obtenir des salles afin d’y peindre et d’y exposer. Elle révèle : « J’avais plus de talent pour vendre les choses des autres que les miennes. »

Mme Sweet a également été la première femme commissaire : «  Je me suis chargée de l’anglais langue seconde, du dessin, de la musique et de l’éducation physique », se rappelle-t-elle.

Mme Sweet a épousé Jos Sweet et a eu trois enfants : Antoine, Joey et Roxane.  « J’ai fait mon chemin très doucement par des gestes simples », raconte cette dame pionnière.  À l’image de cette Abitibi qu’elle a si fièrement adoptée.


Auteur/trice

Michèle Paquette est retraitée de l’enseignement des sciences naturelles au niveau collégial. Elle écrit dans L’Indice bohémien depuis 2013. Elle habite en Abitibi-Témiscamingue depuis 2006. Elle a vécu sur la Côte-Nord où elle s’est occupée d’environnement. Ici, elle s’intéresse tout particulièrement à la culture abitibienne.