La lumière se fait rare et le froid de plus en plus déchirant…

Cela glace d’autant plus durement que, pour ceux que nous laissons nous gouverner, la chaleur se donne chacun pour soi. Solidarité et partage ne sont pas des mots à la mode. En tout cas, pas chez les membres du conseil des ministres.

Alors on gèle sous un climat austère fait de peurs et de mesures imposées. Un régime qui frappe d’abord les plus mal pris d’entre nous pour atteindre ensuite la majorité. C’est une véritable condamnation à l’hiver individualiste qui fait ombre à nos rêves d’humanité. Seuls les privilégiés, ceux qui dictent et supportent les politiques de rigueur budgétaire, pourront profiter du soleil : celui du sud, bien entendu, et de ses paradis fiscaux…

Il y a deux façons de combler un déficit : augmenter les revenus ou couper dans les dépenses. Depuis près de trente ans, c’est le second choix qui est avantagé au profit de ceux qui profitent de tout, même des crises économiques. Résultat : les banques alimentaires reçoivent de plus en plus de gens depuis la crise de 2008 et le Québec n’a jamais compté autant de millionnaires.

C’est comme si une troupe de théâtre offrait pratiquement tous ses revenus à ceux qui sont sur scène, à la chaleur des éclairages, et que tous les autres étaient négligés. Pourquoi aurait-on besoin de placiers, de guichetiers, d’éclairagistes, de gens de ménage ou même de public, à la limite ? C’est donc l’essentiel qu’on semble vouloir mettre de côté. Vue ainsi, l’austérité rime avec tirer les rideaux!

Je crois que, bientôt, rares seront les gens qui voudront participer au spectacle néolibéral. Le gouvernement actuel est, pour son propre malheur, sur le point de déclencher une débâcle qu’il lui sera difficile de contrôler. Partout, j’entends des citoyens et des citoyennes, qui n’ont pas l’habitude de lever le ton, tenir des propos très durs contre la météo…

Je perçois, tout à la fois, beaucoup, beaucoup d’espoir. Cet espoir confiant qui fait semer année après année. Celui qui fait sourire sous les rafales de sarcasme. Celui qui croit que l’on guérira de l’indifférence. Celui qui sent que la solidarité reviendra. Celui qui imagine les plus belles retrouvailles pour travailler ensemble à ce que ça change. Celui qui nous invite à nous soulever contre toutes les injustices.

Il ne coûte rien, l’espoir, et il se partage. Il ne prend pas de place; il en fait. Il imagine le mieux. Il se donne le temps. Il agrippe tout ce qui passe. Il voit derrière les nuages. Il invente la fin de l’hiver. Il sait que nous valons bien mieux que ce que le pouvoir tente vainement de nous faire sentir. Il procure l’énergie aidant à trouver ce que l’on cherche même lorsqu’on se croit perdus. Et il est bien plus fort s’il est collectif.

Soyons l’espoir du printemps qui viendra au-delà du refroidissement! Et je nous souhaite une joyeuse débâcle…

Ces lignes sont dédiées à la mémoire de Lise Pichette et au public qu’elle honorait tant.


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