Pour un descendant de boulanger de trois générations, il ne saurait en être autrement! Comédien bien connu du public québécois, Martin Héroux a l’image toute tracée en tête! Il en salive même, et pour cause : sur le plateau d’argent que lui présentait le soleil à son premier jour, il a posé sa première tranche de vie en tant que livreur de pain de l’entreprise familiale à Ville-Marie. « On ajoute des tranches à chaque étape de notre existence. C’est juste qu’avec le temps, il faut avoir une grand’yeule pour prendre encore une bonne mordée! » de raconter Martin Héroux.

Après avoir plongé dans l’incroyable monde de l’improvisation, il est naturellement passé du côté du théâtre avec l’ancienne troupe du Théâtre de la Cric, toujours au Témiscamingue. Yvette Duquette et Réal Couture font partie des gens qui l’on éveillé à ce niveau par des sketchs au proverbial show-son-art de la polyvalente Marcel-Raymond de Lorrainville. Porté par ses ambitions et par les automobilistes qui l’ont pris sur le pouce pour aller voir des spectacles à Rouyn-Noranda, il a bifurqué vers Montréal pour étudier le théâtre. Il faut croire qu’il était bien inspiré puisqu’il fêtait l’an dernier ses 25 ans de carrière!

Lorsqu’on lui demande le personnage le plus étrange qu’il a dû incarner, c’est en Abitibi-Témiscamingue que ça se passe. Le Théâtre du Tandem, qui était naissant à l’époque, lui avait fait incarner un joueur de dés complètement déjanté. Cela surpassant même le rôle d’un comptable motard qu’il enregistrera sous peu pour une série web à venir. Ironiquement, dès l’école, on le destinait à un casting de père de famille. Après avoir passé par une gamme impressionnante de rôles, il recommence actuellement à jouer le paternel, puisque l’âge l’y conduit. Il sait que la vie de tournée n’est pas facile pour un réel père de famille comme lui et il se plaît à rappeler qu’il vit sur le même horaire que les curés, pendant que le reste du monde est en congé.

Par ailleurs, il constate qu’il est plus évident de vieillir pour les comédiens au Québec que pour les comédiennes. C’est qu’après 40 ans, on engage encore les hommes pour jouer des rôles dans leur propre groupe d’âge, mais on préfèrera engager une femme plus jeune qu’on maquillera pour jouer des rôles de femmes d’âge mûr.

Il arrive en tournée dans la région du 25 au 28 février avec la pièce La coopérative du cochon, une pièce saluée par la critique, notamment  pour l’audace de sa mise en scène. Dans un décor dépouillé, les comédiens ont le loisir de montrer leur savoir-faire. Avec une humanité et un humour propres au pays en forme de botte, cette adaptation québécoise raconte la drôle de guerre de 1939-1945 vue par l’angle bavard de ce qu’en retiennent les enfants d’un vétéran de guerre italien. Martin Héroux a joyeusement mis la main à la pâte dans cette production où il tient plusieurs rôles.

Une fois que le sandwich étagé de sa vie sera fait de toutes sortes de pains différents, il espère couvrir ce dernier du même pain que la toute première tranche… pour qu’il puisse vivre pleinement ce « chez-nous » qui l’a vu naître : le Témiscamingue!


Auteur/trice