L’Abitibi-Témiscamingue compte sur un milieu culturel extrêmement dynamique. À l’intérieur de celui-ci s’insère un joueur moins nouveau qu’étonnant. On parle du cinéma et surtout du court-métrage. Cette discipline, dont la popularité explose littéralement, fait le régal des gloutons culturels, amasse les foules en un tas fantastique et envoie nos jeunes au front, caméra au poing. Que les étourdis en témoignent, ça tourne de plus en plus!


Pour se gaver, il y a les festivals qui prennent une nouvelle et bonne habitude : créer du contenu exclusif, ce qui donne la chance à des réalisateurs d’ici de se faire entendre. Le Festival du DocuMenteur, bien connu maintenant à travers la région, a vu naître le phénomène Nostradamos. Ce film, réalisé en 2011, est sans doute le court-métrage québécois ayant été le plus vu en 2012. Carol Courchesne, président du Festival, s’explique : «c’est tout un phénomène! J’ai fait la liste des festivals dans lequel Nostradamos a joué, et ça n’a aucun sens. Il a littéralement fait le tour du monde! Si le DocuMenteur continue de produire des films qui font aussi bien en salle avec si peu de budget, l’industrie va s’effondrer!» La cuvée DocuMenteur 2012 fut aussi excellente, il faut le souligner.


En donnant une enveloppe budgétaire à cinq ou six cinéastes de la région, le Festival de cinéma des gens d’ici (FCGI) contribue aussi fièrement à l’effervescence actuelle. Serge Bordeleau, président du Festival, confie : «en voyant les films des années précédentes, les autres ont le goût d’embarquer. On peut aussi leur promettre une salle comble et les cinéastes savent que la réaction est bonne à chaque fois.» Cette année, le FCGI présentait un film de Virgil Héroux-Laferté, BMX, qui a aussi été sélectionné par le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. «Pour moi, le FCGI est déjà un incontournable pour les réalisateurs de la relève en région. Au-delà de l’aide financière, il offre un suivi tout au long du processus créatif et t’aide à assumer pleinement tes choix scénaristiques.»


Il y a aussi les Cabarets de création cinématographique, un événement annuel qui rassemble les étudiants du Cégep et de l’UQAT. «C’est important que les jeunes comprennent que l’Abitibi-Témiscamingue se taille une place de choix dans le milieu du court-métrage au Québec, et qu’ils y participent pendant leurs études.»


Cette année, dans le quartier Noranda, le réalisateur Éric Morin et son équipe débarquaient pour tourner le long-métrage Chasse au Godard d’Abitibi, mettant en vedette Alexandre Castonguay. Éric explique son choix ainsi : «Ça faisait longtemps que je n’avais pas tourné en région et je savais qu’un long-métrage serait une expérience stimulante pour les talents locaux. Je savais aussi qu’on ferait des miracles en tournant avec les gens de la place.»


Béatriz Médiavilla, enseignante au Cégep de l’A-T, quant à elle, s’affaire à tourner un documentaire sur l’école de danse PRELV. «Il y a une grande tradition documentaire au Québec. Je crois que ça fait partie de notre besoin de reconnaissance identitaire. Il y a souvent une urgence de s’exprimer dans le documentaire qui est propre à notre réalité en ce moment.»

Alors, c’est dit : tournez, ça urge!


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