Alors que s’amorce la saison estivale ainsi que ce qu’elle amène de festivités en Abitibi-Témiscamingue, nous nous apprêtons à briser un peu le rythme fou qu’imposent à nos vies les dix autres mois de l’année. Moins pour gâcher la fête que pour réaliser sur quoi elle tient vraiment, parlons un peu de cet art que nous possédons tous et qui nous rend différent de la bête. L’art de se dépasser.


Nous assistions récemment à une prise de position assez forte pour qu’elle puisse nous permettre d’en dire qu’il est possible, collectivement, de faire preuve de dépassement. Je parle de Rouyn-Noranda qui s’est récemment autoproclamée capitale culturelle 2012, dans le contexte qu’on connaît, celui d’un concours aux règles bafouées et de subventions perdues. Le but n’étant pas de disserter sur les vertus de Rouyn-Noranda, félicitons là tout de même un geste d’affirmation et servons-nous de cet exemple pour illustrer ce qu’évoque cette manière de répondre à l’adversité.


D’abord, le dépassement, en opposition au contentement.


Ce qu’un artiste fait à chaque fois qu’il peint, dessine, compose, écrit, sculpte, c’est du dépassement de soi. La création comme plus-value au fait d’être. Faire d’une somme d’émotions un symbole qui puisse à son tour créer d’autres émotions. Ainsi devrait-on concevoir, en plus de tous les bienfaits de l’art à rendre l’humain plus humain, l’idée du dépassement lorsqu’il s’agit de création artistique.


Tout va donc pour le mieux chez nous en cette matière puisque nos artistes ont la cote et que nos manifestations culturelles les valorisent cependant que nos calendriers culturels explosent de festivités. De Vassan à Ville-Marie, de La Sarre à Rouyn-Noranda comme au Québec où ça chante, ça peint, ça gigue et ça conte; on s’adonne à la création partout et à qui mieux mieux.


Pas qu’il soit mal de s’en réjouir remarquez bien. Mais à nouveau, moins pour gâcher la fête que pour se rappeler sur quoi vraiment elle tient, voici un synonyme du mot contentement : complaisance. Se contenter : se complaire.


Se complaire à évoquer le dépassement de nos artistes en capitalisant sur leur notoriété. Mais il y a pire. Penser que nos artistes puissent, ne serait-ce que par mégarde, tomber eux-mêmes dans la complaisance, sous le poids toujours plus complaisant de la notoriété. Qu’en dire sinon qu’il en serait fini de l’idée de l’épanouissement ailleurs que dans la notoriété et de son capital.


Et si le dépassement dans la création n’avait, finalement, rien à voir avec les ambitions d’une nation? Et si tous ceux qui ne voient l’avenir d’une nation qu’en budgets balancés et qu’en retombées économiques avaient, finalement, déjà réglé la question?
Mais j’avoue que ce sont là de bien grandes questions.


Surtout que se termine un printemps pas reposant pantoute et que commence l’été et ses festivals de chansons, de rires et de jeux gonflables. Surtout qu’on a bien le droit d’être fier de ce que l’on a et de ce que l’on est. Surtout qu’à l’automne, faudra recommencer à se casser la tête et se demander qui pourra ramener la paix sociale dans notre Québec que certains voudraient docile mais quand même créatif.


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