Environ 500 itinérants sillonnent les rues de Val-d’Or et 100 % du financement gouvernemental en la matière est attribué aux grands centres. Quoi de plus inspirant pour le cinéaste Patrick Pellegrino, qui occupe depuis mars le poste de directeur par intérim de la maison d’hébergement La Piaule de Val-d’Or. Le réalisateur saisit sa chance d’être infiltré dans le milieu de l’itinérance pour en produire un documentaire prévu pour le printemps 2013.

« Aussitôt que j’ai mis les pieds ici, je me suis senti bien », raconte Patrick Pellegrino, qui a découvert La Piaule en y réalisant un reportage pour RNC Média. Originaire de Montréal, le documentariste a récemment immigré en Abitibi-Témiscamingue à l’affût de sujets, et le métier de journaliste qu’il a occupé lui a permis d’en trouver plusieurs. Ayant déjà tourné trois films sur le territoire depuis 2001, Patrick Pellegrino n’était donc pas étranger à la région. « J’aime l’Abitibi », dévoile-t-il.


Caméra à l’épaule, pas de trépied et bien infiltré dans le milieu, Patrick Pellegrino s’inspire de grands cinéastes du cinéma direct pour se fondre dans ses lieux de tournage et capter des moments authentiques des itinérants de la rue, des résidents et des intervenants de La Piaule. Malgré son équipement léger et sa présence dans le milieu, le réalisateur fait face à un défi de taille. « Je devrai surmonter ma peur d’aller plus loin dans mes relations avec les personnages », confie-t-il. Déjà, une confiance semble grandement acquise chez certains : « Quand est-ce que tu amènes ta caméra? » lui répète sans cesse l’un d’entre eux.


Malgré quelques difficultés pour la captation du son, le réalisateur se dit très satisfait de ses quelques sessions de tournage et est très optimiste pour les tournages à venir. « Il y a beaucoup de gens démunis avec l’absence du dortoir. Il y a un grand besoin en nourriture et plusieurs personnes viennent manger ici. »


Pour Patrick Pellegrino, il n’y a pas de conflit d’intérêt entre son rôle de directeur et celui de cinéaste. « Je n’ai pas besoin de faire la part des choses comme doit le faire un journaliste. Comme documentariste, mon rôle est davantage de montrer un point de vue et de dénoncer des choses », explique-t-il. Pour Stéphane Grenier, président du conseil d’administration de La Piaule, il n’est pas inquiétant que le cinéaste choisisse de démontrer un angle précis de la réalité. « Ce que je souhaite, c’est que le parti pris choisi soit d’humaniser les itinérants », témoigne-t-il.


D’ailleurs, pour s’assurer d’une plus grande liberté éditoriale et éviter toute « ingérence » du conseil d’administration de La Piaule, Patrick Pellegrino a insisté pour retirer la réalisation de son documentaire de sa description de tâche de directeur. De son côté, le conseil d’administration n’investit aucune ressource financière dans le documentaire.


Pour l’aider dans son projet, Patrick Pellegrino prévoit utiliser l’expertise d’autres cinéastes connus de la région. Cédric Corbeil, qui avait déjà collaboré avec le réalisateur en tant qu’assistant-monteur pour son film Senza nolstagia, participera cette fois-ci comme assistant à la caméra et preneur de son. Serge Bordeleau devrait également se joindre à l’équipe comme 2e preneur de son et possiblement à la caméra.


Patrick Pellegrino a de grands espoirs pour son documentaire qu’il prévoit lancer en mai ou juin 2013. L’universalité de son sujet qu’est l’itinérance lui laisse entrevoir non seulement une diffusion partout dans la province, mais une visée sur le marché international. Souriant et optimiste, il visualise le sommet « Cannes…? Pourquoi pas?