À en croire ce qui est écrit dans l’édition du 1er mars du magazine L’Actualité, ce n’est pas qu’un boom minier qui secoue la région, mais aussi un boom culturel. Dans ce numéro, le magazine consacre cinq de ses pages à la vitalité culturelle de l’Abitibi [sic.] dans un article intitulé L’Abitibi change d’air et joliment illustré d’une demi-douzaine de clichés du photo- graphe rouynorandien Hugo Lacroix.

  

Un séjour de quatre journées lors de la dernière édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) aura permis à la journaliste Catherine Dubé de dresser un portrait de la diversité culturelle de la région, et plus précisément de Rouyn-Noranda. On peut y lire sur le boom des festivals en région – FME, DocuMenteur, Guitares du monde, des Langues sales, d’Humour, Art’Danse, FRIMAT, sans oublier le FCIAT et ses fondateurs qui ont influencé de jeunes organisateurs d’événements. Il est question de L’Écart, de Geneviève et Matthieu, d’Anodajay et de Samian. On y présente diverses salles de spectacles – le Petit théâtre, la scène Évolu-Son, Chez Bob. Enfin, l’auteure traite du dynamisme des jeunes depuis la venue du FME; de l’exode et du retour en région; de la chaleur et du dévouement des nombreux bénévoles culturels; de la possibilité de vivre de culture en région surtout depuis l’arrivée de l’Internet; de la participation financière des minières aux événements; de la présence des autochtones et des immigrants; et du fait qu’entre les festivals, la région n’est pas toujours aussi effervescente.

  

Dire l’effervescence

  

Lors d’un précédent séjour, il y a deux ans, alors pour le compte de la revue Québec Science, la journaliste avait déjà pu déceler quelques particularités culturelles de la région. « J’avais senti qu’il se passait quelque chose, raconte-t-elle. Le soir, je me promenais sur la rue, j’allais à l’Abstracto et c’était palpable. »

  

L’idée de faire un article sur la culture en Abitibi vient d’une rencontre de rédaction, mais l’élément déclencheur manquait toujours à l’appel. « Quand on a vu que c’était le 30e anniversaire du Festival du cinéma, on s’est dit que c’était le moment », explique Catherine Dubé, avant d’ajouter qu’elle a rencontré de nombreux intervenants du milieu en région, mais qu’elle a dû faire des choix crève-coeur quant à ce qui allait se retrouver dans l’article. « De retour à Montréal, j’ai continué mes recherches et l’angle des festivals est devenu évident pour sa particularité par rapport aux autres régions, surtout que le ministère de la Culture, des Communication et de la Condition féminine venait de sortir son rapport qui disait que l’Abitibi était la région où il y avait le plus de festivals par 100 000 habitants au Québec. »

  

Une belle vitrine, un portrait incomplet

  

La parution de cet article en aura ravi certains, à commencé par le directeur de la coopérative qui publie ce journal, Maurice Duclos « Bravo à L’Actualité de reconnaître le dynamisme culturel de notre région. C’est gentil et apprécié. Peut-être que la population du reste du Québec va s’ouvrir au fait que les régions ne sont pas juste là pour fournir des deux par quatre, des poissons et des mines. Enfin on récolte ce que l’on sème de façon plus intensive depuis 10 ou 15 ans. »

Mais pour Madeleine Perron, directrice du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, l’article ne dépeint malheureusement pas avec justesse toute la diversité culturelle de la région. « C’est le fun d’avoir une tribune comme celle-là, surtout qu’on n’en a pas souvent, mais j’aurais aimé que ça ratisse plus large, plaide-t-elle. On ne voit pas l’ensemble du territoire, j’ai senti beaucoup Rouyn, mais pas ce qui se fait ailleurs en région. J’aurais aimé y voir des intervenants de partout, pas juste de Rouyn ou qui habitent à l’extérieur, même si ceux-là ont la région tatouée sur le cœur. Et surtout, je trouve dommage que presque tout l’aspect création ait été évacué de l’article. » Avec la quantité importante d’artistes qui vivent et créent ici, on ne peut que donner raison à la directrice du CCAT.

  

Si le milieu culturel et la journaliste sont d’accord pour dire qu’il y a encore beaucoup à dire sur la créativité en région, c’est peut-être parce qu’il y a place à d’autres articles… À suivre! 


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