Peintre figuratif la plupart du temps, autodidacte acharné, amoureux de la peinture, Jérémie Bouchard s’intéresse à la figuration humaine. Cet Amossois d’origine, résidant au Japon depuis une douzaine d’années, revient au bercail le temps de présenter son travail récent au centre d’exposition d’Amos. L’exposition Ningen, qui signifie « être humain » en japonais, peut se résumer ainsi : des portraits, des couleur flamboyantes et une grande précision du coup de pinceau.

   

Ningen présente une série de tableaux à l’huile, d’une facture assez classique par les sujets et la composition. Certaines œuvres nous transportent dans l’univers nippon et d’autres plus particulièrement dans l’étude des attitudes humaines. « Ningen… traduit une ambiguïté, en quelque sorte, qui se faufile à l’intérieur des frontières culturelles », tel que décrit par l’artiste dans sa démarche artistique. De l’enfance à la vieillesse, tous les sujets sont bons, prétextes à la recherche de ce qu’il y a d’énigmatique dans la définition de notre identité.

  

Tradition contemporaine

   

S’il y a trop de tableaux dans cette exposition de Jérémie Bouchard, phénomène sans doute dû aux trop rares occasions d’exposer son travail, plusieurs œuvres sont d’une force remarquable. Un tableau intitulé Don Madonna propose une interprétation contemporaine du thème de la mère à l’enfant, où un jeune père aux cheveux bleus et à l’allure androgyne tient dans ses bras un petit bébé. Un autre portrait intrigant d’un homme aux yeux clos, ressemblant à un chanteur d’opéra en transe ou un passager endormi dans le métro, laisse le spectateur dans un état de questionnement. Des œuvres puissantes et d’une grande maîtrise.

   

Ce qu’il y a d’intéressant (et de dérangeant) dans l’ensemble du travail présenté est cette distance entre le peintre et ses sujets, un retrait, une retenue, un anonymat qui évoque d’une part la difficulté de s’intégrer à la culture japonaise quand on y est un étranger, et l’immense pudeur qui en est caractéristique. Malgré tout, on sent une fascination réelle pour la condition humaine, les postures et petits gestes anodins se transformant en tableaux brossés avec énergie et force en couleurs.

   

Fraternité créatrice

   

Jérémie Bouchard s’est mis à la peinture il y a de nombreuses années, passion qu’il a longtemps partagée avec son frère Jonathan. Ils ont réalisé plusieurs œuvres à quatre mains, l’un s’attardant au dessin et à la composition, l’autre à la couleur. Depuis qu’il est parti pour le Japon, il y a de ça 13 ans, il se consacre seul à sa création. Le résultat de ses recherches récentes sera présenté au centre d’exposition d’Amos jusqu’au 25 mars. 


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