Céline J. Dallaire s’est établie une place bien à elle dans le monde des arts visuels en région, principalement avec l’académie des arts qui porte son nom, sise à Évain. Mais la création prend de plus en plus de place dans la vie de celle qui a été formée aux États-Unis : son travail récent est exposé à L’Écart… lieu d’art actuel, et certaines de ses œuvres seront exposées en France et chez nos voisins du Sud.

   

« Ça m’a pris un certain temps avant de reprendre la création à mon retour des États-Unis », avoue celle qui a étudié les arts en Iowa et en Georgie. Mais depuis les deux dernières années, elle est davantage impliquée dans le milieu des arts visuels, et les projets semblent bouillonner en elle.

   

L’exposition qu’elle propose à l’Écart est la première qu’elle s’offre en solo dans sa région d’origine. Celle qui a mis du temps avant de se lancer explore justement le concept de vitesse, par le biais d’un des nombreux médiums qu’elle pratique, soit la peinture numérique. « J’ai tenté de représenter la vitesse, en lien avec l’action, le geste, le temps, l’espace, explique-t-elle. J’ai voulu jouer avec des effets de ralenti et d’accéléré. »

   

Les œuvres qu’elle propose semblent parfois loin du travail qu’elle réalise avec les élèves de son académie, où sont fréquentes les natures mortes à l’exécution précise et proche de la réalité : les œuvres que verront les visiteurs de l’Écart sont beaucoup plus impressionnistes et abstraites. Mais l’artiste n’y voit pas de contradiction : « Pour moi, l’art abstrait est en quelque sorte aussi figuratif que le figuratif : on travaille avec les mêmes matériaux, les mêmes lignes, les mêmes couleurs. Seulement, on agence le tout différemment. » Elle prend toujours soin d’inclure quelques éléments reconnaissables afin d’aider le spectateur à s’y retrouver, et lui permettre de bâtir lui-même sa propre compréhension de l’œuvre.

   

Le mariage de l’estampe et de la poésie

   

Après la rue Murdoch, New York! Une œuvre de Céline J. Dallaire (et une autre de sa concitoyenne Gisèle Cotnoir-Lussier) fait partie de l’exposition Counterpoints qui vient de compléter un passage à Queensbury dans l’État de New York et qui sera reprise à l’Université du Colorado à Boulder, le mois prochain. Il s’agissait de produire une œuvre à partir d’un poème de l’auteure américaine Gertrude Stein (1874-1946), en prenant soin de collaborer avec une autre personne, qu’elle soit artiste ou non. Les participants (un Néerlandais, trois Canadiens et 13 Américains) ont donc fait appel à un artiste en arts médiatiques ou un psychologue; Céline J. Dallaire a quant à elle opté pour le professeur et metteur en scène Jean-Guy Côté.

« Nous avons voulu explorer les aspects social et personnel du texte, raconte-t-elle. Nous avons beaucoup discuté du texte, puis j’ai produit des esquisses, dont nous avons aussi discutées… » L’artiste soutient avoir beaucoup apprécié cette façon de travailler, qui enrichit le résultat final et produit des œuvres chargées de sens. À un point tel qu’en compagnie de Gisèle Cotnoir-Lussier, elle souhaite attirer l’exposition en région; des pourparlers sont en cours avec l’Association des Centres d’exposition de l’Abitibi-Témiscamingue.

   

C’est là un projet de plus pour celle qui agit à titre de commissaire de l’exposition LES OISEAUX, qui est à l’affiche à la bibliothèque de Rouyn-Noranda jusqu’au 10 mars et qui sillonnera la région au cours des deux prochaines années, et qui a accompagné une vingtaine d’enfants qui fréquentent son académie dans le volet « jeunes » des signets Prendre le temps des bibliothèques publiques de l’Abitibi-Témiscamingue. 


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