Le 9 février, trois jeunes filles de la classe de cinquième année de Kitcisakik auront la chance d’aller chanter avec la sensation africaine de l’heure, Tiken Jah Fakoly, à l’émission Studio 12. Dans un numéro orchestré autour d’un tambour autochtone, les jeunes chanteuses interpréteront une composition des élèves de leur école portant sur la culture algonquine, sur une musique du célèbre Ivoirien.

Si Ashley, Kariane et Amélie se sont vu offrir cette opportunité, c’est grâce à la présence, depuis l’automne 2008, de l’organisme Jeunes musiciens du monde (JMM) dans la communauté algonquine de la réserve faunique La Vérendrye. « Un des recherchistes de l’émission avait entendu parler de notre chanson et nous a contactés en nous disant qu’il avait le budget pour inviter trois jeunes et leurs parents. Ça va être une superbe expérience pour ces trois petites filles qui ont un comportement exemplaire en classe », explique leur enseignant, François Gérardin, en ajoutant que ces dernières sont vraiment contentes et fières de représenter leur communauté.

« À Jeunes musiciens du monde, on n’exige jamais que les enfants fassent des prestations, mais quand ils le veulent, on sait qu’un spectacle leur donne trois mois de fierté intense », poursuit-il. C’est justement ce qui est arrivé le 19 novembre dernier, quand neuf élèves de la communauté sont allés présenter deux de leurs compositions devant près de 800 personnes au Club Soda, à Montréal, lors d’un concert-bénéfice de JMM. « Le public a tellement bien réagi à notre prestation, c’était presque démesuré, se souvient le professeur. Les applaudissements étaient si forts que les enfants se bouchaient les oreilles ! Quand ils ont compris que c’était pour eux, ils étaient très fiers. »

Des Indiens aux Algonquins
Si Jeunes musiciens du monde a d’abord ouvert des écoles en Inde et dans des quartiers défavorisés de Québec et de Montréal, le projet de Kitcisakik a ceci de différent que c’est à même l’école de la communauté que l’organisme prodigue son enseignement. Si le nom de l’organisme laisse croire qu’on a affaire à quelque école de musique, celle-ci n’est qu’un prétexte pour permettre aux enfants de se développer, de mieux se connaître et, surtout, de s’épanouir pleinement. « Notre objectif est d’aider les jeunes à travers la musique, précise François Gérardin. Je me dis tout le temps qu’il n’y a rien qui presse, que les enfants ne seront pas plus heureux s’ils connaissent finalement leur solfège au bout de six mois : le but c’est qu’ils aiment venir à l’école et qu’ils y restent plus longtemps. On ne veut pas former des musiciens, on veut juste que pendant l’heure de la journée que les jeunes passent avec nous, ils se sentent bien », philosophe l’instigateur du projet en région.

C’est après son expérience à l’école de musique de Jeunes musiciens du monde à Québec et un été de travail avec les enfants de Kitcisakik que François Gérardin décide de proposer au conseil de bande de la communauté de s’associer au projet de JMM : « Je trouvais que c’était une belle façon pour les jeunes de vivre leur culture. »

Si Jeunes musiciens du monde rêve d’ouvrir d’autres écoles en Afrique et au Brésil, François Gérardin rêve que son projet se développe, que des cours soient offerts les fins de semaine aux adolescents de la communauté. Il rêve aussi d’avoir un enseignant algonquin dans sa classe et de remettre ce projet au conseil de bande pour qu’il se l’approprie et le teinte aux couleurs des gens de la place. « Jeunes musiciens du monde est là pour rester à Kitcisakik et on espère que ça va faire du bien aux enfants, mais pour vraiment le savoir, il va falloir revenir les voir dans 20 ans ».




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