L’Abitibi-Témiscamingue compte son lot de projets d’intégration des arts à l’architecture accessibles au public. Souvent méconnues, ces œuvres enrichissent pourtant notre patrimoine bâti de façon significative. Cet article est le premier d’une série qui permettra de mieux connaître les artistes qui se cachent derrière ces réalisations qui s’offrent à nous dans l’espace public.

 

Tout le monde s’entendra pour dire qu’au Québec, l’architecture publique des années 50 à 80 ressemblait souvent à des bunkers de tôle au charme soviétique. En 1979, la province s’est donc dotée d’une politique d’embellissement des édifices publics qui s’est ensuite transformée en politique d’intégration des arts à l’architecture, qu’on appelle, dans le jargon artistique, « le 1% ».


Y sont assujettis les projets de construction entrepris par le gouvernement, ses ministères et organismes, ou par les personnes et organismes dont les projets d’immobilisation sont subventionnés par l’État. Le 1 %, c’est en fait la portion du budget de construction ou de rénovation qui doit être consacrée à la création et à l’installation d’une œuvre d’art à même la conception architecturale d’un bâtiment.

Brigitte Toutant : trois fois plutôt qu’une

Seuls quelques artistes de la région font partie des personnes éligibles à la réalisation de projets du 1%. Ils doivent au préalable s’inscrire dans une banque d’artistes professionnels administrée par le MCCCF, selon une sélection rigoureuse supervisée par un comité d’experts en arts visuels.

Parmi ces artistes, il y a Brigitte Toutant, qui travaille en ce moment à son troisième projet d’intégration. On peut voir sa première installation dans l’entrée que partagent la Bibliothèque municipale et le Musée minéralogique de Malartic. Sa seconde réalisation se trouve dans le pavillon d’accueil du Mont Vidéo à Barraute, alors que la troisième œuvre, actuellement en création, est destinée à l’école primaire McCaig de Rosemère.

« Ce qui est intéressant pour un artiste, c’est que ce genre de projet nous permet d’aller au bout de nos fantasmes en profitant de conditions de travail exceptionnelles. On peut pousser nos recherches au maximum avec les matériaux, les techniques, les espaces d’installation. » Il faut dire que Brigitte Toutant n’a pas peur des contraintes, qu’elle perçoit plutôt comme un moteur de création. L’artiste ajoute : « On doit proposer une œuvre qui s’intègre à l’architecture et à la mission du lieu, selon une thématique donnée par un comité. Il faut parfois travailler dans un espace déjà existant, ça nous fait sortir de nos habitudes et ça fait évoluer notre travail. »

Les retombées des projets d’intégration de l’art à l’architecture servent, d’un côté, à soutenir les artistes professionnels dans leurs recherches. Mais surtout, ces projets font en sorte d’inscrire dans l’espace public notre identité particulière, de rendre accessibles à tous les citoyens des œuvres d’envergure faites par des artistes québécois et de transformer ces lieux quotidiens en écrin de notre culture.


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