Propriétaires d’un atelier d’art à Amos, Catherine Dubé et Malou Thibodeau sont deux Amossoises moqueuses, vives et ambitieuses. Lorsqu’on entre à l’atelier-boutique La Garette, des couleurs froides prédominent, mais rapidement, une chaleur se dégage des lieux par le sourire de ces deux plaisantes entrepreneures.

Leur formation n’était pas encore complétée que les deux jeunes femmes parlaient déjà de revenir vivre dans leur région. Catherine a fait ses études en arts plastiques et en technique des métiers d’art en céramique. Malou fabrique des bijoux de porcelaine montés sur argent sterling. En choisissant d’effectuer  un voyage exploratoire en Europe, elles ont testé par le fait même leur amitié afin de voir si elles pouvaient partir en affaires ensemble. Catherine explique : « Cela s’est très bien passé. En plus d’être sur la même longueur d’onde, nous avons eu l’aide de plusieurs personnes et organismes. Nous n’aurions jamais réussi cela à l’extérieur de la région. » Les charmantes artistes sont unanimes : « Nous avons toujours eu le goût de revenir vivre ici. Quand on y pense, on ne pouvait pas décider de déserter ce territoire, celui défriché et construit par nos ancêtres. Ce n’est pas vrai qu’on allait quitter après seulement deux générations. Tout est à faire ici et on est tellement bien. » 

La Garette

Pourquoi La Garette? Amusées, les deux amies s’interrogent sur leur réponse. Catherine explique qu’elle s’est fait raconter par certains membres de sa famille qu’une garette est une machine forestière qui permet de débusquer le bois afin de l’apporter en bordure du chemin. « Une garette, ça permet de sortir des sentiers battus et c’est également appelée parfois une guidoune par les gars de métier. On trouvait cela tellement amusant que deux gui­dounes uti­lisent le terme garette en clin d’œil à notre histoire régionale et au labeur de nos prédécesseurs. En plus, La Garette, ça sonne comme une belle boutique sophistiquée, n’est-ce pas? »  Indubitablement, les produits de La Garette sont raffinés, recherchés et variés. On y trouve des objets utilitaires tels que huiliers, pots à ail, plateaux de service, saladiers, beurriers bretons, vases et théières.  N’oublions pas non plus les jolis bijoux de Malou.

Elles cons­tatent, à leur plus grande surprise, que les clients de la région n’ont rien de différent des Montréa­lais branchés : « Nous avons réalisé rapidement que le style éclaté et recherché était très en demande ici en région. Nous croyions que nous devions assagir et adoucir notre style pétillant, mais finalement, nous avions peut-être mal évalué le goût des Témiscabitibiens. » Elles peuvent donc produire en toute quiétude, à la hauteur de leur imagination et de leur ambition.

Le phénomène “clabord”

À l’ère du combat pour convaincre les citoyens d’acheter localement, Catherine sent que nous vivons de grandes transformations au niveau de la consommation. Elle croit que la population réalise bien la portée de ses gestes. Elle considère que nous nous éloignons de l’époque du Made in China. L’idée des articles jetables, éphémères et transitoires est peut-être derrière nous.  Pourtant, elle s’interroge sur le fait qu’on trouve l’Europe charmante de par son architecture, son histoire, son patrimoine… « Ici, on se bâtit des patrimoines en clabord parce qu’on n’a pas dans l’idée de léguer nos maisons à nos petits-enfants. Je trouve qu’on est resté dans l’idée du temporaire; on pense économiser avec les trucs qui ne dureront pas, pensant de toute façon qu’on va se tanner. » La jeune femme semble sereine et ne croit pas que ses ­clients vont se lasser des matériaux nobles, bien pensés et durables.

Catherine renchérit sur les nouveaux modes de consommation et croit que La Garette ne passera pas à côté de la pensée verte : « Quant à mon métier, je suis contente de mon choix : la céramique, si on la fait bien, c’est un objet durable qui vivra plus longtemps que nous, c’est ma part pour le patrimoine. » Les deux jeunes entrepreneures cultivent un beau rêve : celui de pouvoir utiliser le sol de la région pour élaborer une pâte d’argile. Catherine considère que cela serait leur apport à l’environnement, car actuellement, elles doivent aller chercher leur matière à Montréal. Parions que l’utilisation du sol argileux de la région donnera une valeur ajoutée à leurs belles pièces artisanales.

Les bons ratés

Pour les budgets plus restreints, sachez que la section « Les bons ratés » constitue un excellent rapport qualité-prix. Cette section de l’atelier regorge de belles pièces légèrement défectueuses. L’œil d’un néophyte ne pourra faire la différence entre les pièces réussies et ces pauvres morceaux jugés non adéquats pour orner les tablettes de la boutique.

Mettre les pieds à La Garette est non seulement une expérience artistique et un plaisir pour les yeux : c’est également la rencontre de deux jeunes femmes simples et déterminées qui ne cesseront de vous revenir en tête lorsque vous admi­rerez vos pièces de porcelaine et de céramique achetées à La Garette. 

La Garette :

241, 1re Avenue Est, Amos


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