Pour la Commission culturelle du Témiscamingue, se doter d’un inventaire patrimonial ne consiste pas à dresser une liste du patrimoine bâti, mais bien faire des enjeux du patrimoine un lieu d’échange collectif. Portrait d’une démarche aventurière qui s’étalera sur plusieurs années.

On en discute depuis longtemps – l’action a été identifiée comme prio­ritaire dans le Plan stratégique du Témiscamingue 2005-2009 – et les ressources ont été longues à trouver. Mais voilà que le projet se concrétise, notamment grâce à l’embauche d’une nouvelle agente de développement culturel par la MRC de Témiscamingue. Si les mois ont passé, la démarche, elle, s’est peaufinée. Le dépôt du Livre vert et la préparation d’un projet de loi sur la gestion du patrimoine ont confirmé la pertinence de cette dernière et mis en lumière son sens innovateur.

L’inventaire réalisé répertoriera le patrimoine naturel (environnement, paysage), le patrimoine immatériel et humain (le vécu, les personnages, les contes, les légendes) et bien sûr le paysage bâti. Une démarche ambitieuse qui sera déployée sur plusieurs années et qui mettra à contribution tout le milieu : « On aurait pu donner un mandat d’inventaire classique à une firme et compléter le tout en 6 mois. Mais nous trouvons plus structurant d’impliquer le monde municipal et les citoyens dans l’identification de ce qu’ils considèrent comme leur patrimoine local. De cette façon, nous nous assurerons que cet inventaire contribuera à augmenter leur fierté et le développement de créneaux d’excellence par municipalité », souligne Réal Couture, président de la Commission culturelle du Témiscamingue. 

Tout un défi, ne serait-ce que de trouver les experts pouvant s’intéresser à la fois aux volets environnemental qu’humain du patrimoine ! Actuellement, l’équipe a reçu quelques propo­sitions de scénarios de différents consultants. Le choix sera arrêté d’ici l’été : « Ensuite, les experts choisis auront pour mandat de réaliser l’inventaire pour 2 municipalités «cobayes »  et surtout de le faire en préparant des outils clairs et facilement réutilisables par les agents de développement locaux. Les autres municipalités et la Commission culturelle seront donc ainsi autonomes dans la réalisation des inventaires suivants », précise la nouvelle agente de développement culturel de la MRCT, Mme Véronic Beaulé.

Monuments en voie d’extinction

Parmi les richesses patrimoniales en danger et pour lesquelles l’urgence d’agir risque quand même d’intervenir dans le processus, notons la disparition lente et dangereuse des fameuses « granges doubles », apparemment typiques au paysage agricole témiscamien. Les installations de l’ancienne base navale Opémican doivent également attirer l’attention d’ici la création du futur parc national prévu pour 2012. Et que dire du patrimoine humain qui est outrageusement gaspillé à chaque fois qu’un de nos « anciens » s’éteint, emportant avec lui une vie de témoignages sur le développement du territoire. L’apport des communautés autochtones devra aussi porter une attention particulière.

Un des objectifs est de faire réaliser à tous les intervenants du dévelop­pement que d’investir dans le patrimoine, c’est miser sur l’identité du territoire tout autant que le développement économique. Ce qui peut paraître anodin à nos yeux aujourd’hui soulèvera les passions un jour. L’Abitibi-Témiscamingue est une jeune région, mais après tout, Québec n’a pas toujours eu 400 ans, non ?


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